Voici le 3ème et dernier chapitre de mon voyage de l'Avent en Europe. A l'issue d'une semaine de découvertes à Innsbruck et Vienne, Andy et moi avons pris très tôt l'avion le 24 décembre en direction de ma terre natale. J'ai pris un dernier bretzel à l'aéroport (et oui, j'étais déjà nostalgique) et en route !
Nous sommes arrivés à Paris vers 10 h et là, le marathon familial a commencé. Cela fait partie des effets/conséquences du "vivre à l'étranger". On passe beaucoup de temps loin de ses proches et lorsqu'on est de passage, on essaie de voir tout le monde. Je ne m'y suis pas encore habituée. Le temps passe trop vite et j'ai l'impression de devoir courir partout, de devoir tout enchaîner et tout vivre en condensé. Cela semble utopique, mais j'aimerais avoir plus de temps, idéalement un bon mois. Malheureusement, les vacances ne sont pas extensibles...la loi mexicaine ne donne que 6 jours de vacance par an, même si certaines entreprises octroient un peu plus, et j'ai dû prendre des jours sans solde pour faire ce voyage.
Autre sujet sensible de l’expatriation : les relations avec les proches et les amis qu’on a « laissé derrière ». Qu’on le veuille ou non, prendre la décision de partir vivre dans un autre pays, implique bien la notion de « laisser ». Certains m’ont encouragé dans mon aventure, d’autres ont choisi de ne pas maintenir le lien, et d’autres encore ont préféré tout simplement couper les ponts. Il m’appartient bien-sûr d’assumer mon choix : j’ai fait le choix de partir. Néanmoins, cela ne signifie pas que ce n’est pas difficile. On a beau être celui qui part, cela nous en coûte quand même quelques sacrifices.
Cette fois-ci je n’ai pas couru les expositions de Paris comme je le fais d’habitude. J’ai tendance à me « gaver » de culture quand je rentre en France car comme vous l’avez compris au travers de mon blog, Monterrey, la ville où je vis au Mexique, capitale de l’Etat de Nuevo Leon, n’est pas franchement culturelle. L’art et la culture en général y sont discrets et peu accessibles. Mais c’était les vacances de noël, Andy et moi avions déjà bien bougé en Autriche et je crois qu’on avait tout simplement besoin de se poser.
Mais alors, ça ressemble à quoi des vacances de noël en France quand on est expatriée au Mexique ? Voici mon séjour en 20 points !
1 – On passe le réveillon, Noël et le Nouvel An en FAMILLE.
J’avais envisagé de privilégier les amis pour le Nouvel An, comme c’est assez courant en France, mais n’ayant aucun plan concret, j’ai soudain réalisé que ceux qui étaient là pour moi étaient mes proches. Je ne les vois quasiment jamais, alors pourquoi courir tout Paris de fête en fête ? La fête, c’était à la maison ! J’ai passé le réveillon et Noël chez ma tante du côté de Rambouillet car c’est une tradition familiale que de célébrer Noël dans la famille de ma maman. Puis j’ai fêté le Nouvel An chez mon papa à Paris.
2 – On profite de la chaleur du foyer.
Ma tante et mon oncle sont en train d’achever la réfection de leur maison et je suis tombée sous le charme. Le mur de briques avec ses petits tableaux aux cadres dépareillés, la cuisine et son carrelage vintage avec son frigo rétro SMEG orange, la vraie salle de bain « de filles » avec la baignoire sur pieds et la coiffeuse, le salon avec les grands tapis et le canapé d’angle, le meuble télé, réalisé par mon oncle avec des planches de bois et des caisses de vins (so French !) …tout y est très personnel et en même très accueillant. Je reconnais bien là, la pâte de ma tante, c’est cosy et on se sent chez soi. Je pense à mon appartement très moderne à Monterrey où il n'y a pas de décoration et je sens le besoin urgent de me constituer un vrai « chez moi » à mon retour.
3 – On se promène au grand air
Le jour de noël, nous avons fait une ballade en famille dans la commune de Montfort-L’Amaury qui est très près de chez ma tante. De la vieille pierre, une église gothique avec des vitraux magnifiques, la forêt, la vue sur la campagne alentour et la maison du compositeur Maurice Ravel, voici les choses que nous avons vu. Je n’avais pas mon téléphone sur moi alors je n’ai aucune photo à partager…Mea culpa. Ce souvenir restera dans la mémoire.
4 – On fait une overdose de gastronomie française et on en redemande !
Qui dit expatriation, dit manque de certains repères, à commencer par la cuisine. S’il est enrichissant de découvrir de nouvelles saveurs, le manque de ce à quoi nous sommes habitués peut se faire pressant, en particulier lorsqu’il est difficile de trouver certains aliments dans notre pays d’adoption. J’ai donc définitivement profité de la cuisine maison pendant mon séjour. Ce qui ne gâte rien : mon papa est un vrai cordon-bleu. Magret de canard, chapon farci, queues de langouste accompagnées de mayonnaise maison à base d’huile d’olive, foie gras (je culpabilise…non, non, je ne suis pas encore végétarienne), saumon fumé, poularde au vin jaune, bûche au chocolat et Grand Marnier, coquilles Saint-Jacques au champagne, croissant, pain au chocolat, pâtisseries du coin de la rue…et la liste est encore longue.
Je me suis aussi gavée de chocolat. Si le Mexique est un important producteur de cacao, ce dernier est principalement destiné à l’export. Impossible de trouver des chocolats « fins ». Cela dit, un français vient d’ouvrir une chocolaterie à Monterrey avec des chocolats importés de l’usine de sa famille en France : je devrais allais jeter un coup d’œil.
5 – On boit outre mesure.
Qui dit France, dit vin et champagne, surtout en période de fêtes de fin d’année. Ma famille n’a pas fait les choses à moitié : Pol Roger millésimé (un de mes champagnes favoris), Volnay (vin rouge de Bourgogne), Meursault (vin blanc de Bourgogne), et autres plus modestes…J’ai définitivement forcé le bouchon. Mais bon, c’est les vacances et je suis en France, alors je me lâche !
6 – On va au ballet
Plusieurs mois avant, j’avais fureté sur la page de Fnac Spectacles à la recherche de ballet ou opéra au mois de décembre. C’est devenu une sorte de tradition : chaque fois qu’Andy et moi sommes à Paris, nous allons voir quelque chose. La première fois, c’était le concert du compositeur italien Ludovico Einaudi au Grand Rex. Puis la fois suivante, nous sommes allés à l’Opéra Bastille pour voir Carmen de Georges Bizet. Je ne suis pas fan d’opéra mais j’en admire cependant l’art et je voulais faire découvrir à Andy : bingo, il a adoré. Enfin, cette fois-ci nous avons assisté au ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski. Pour le coup, je suis une inconditionnelle des ballets, et après avoir vu Le Lac des Cygnes et Le Fantôme de l’Opéra, Casse-Noisette était un rêve.
7 – On fait les vitrines de noël
Direction le Printemps et les Galeries Lafayette. Je ne suis malheureusement pas convaincue. En fait, ça fait plusieurs années que je ne suis pas convaincue par les vitrines de noël. Certains tableaux ont du charme et les automates sont jolis, mais c’est très (trop) commercial. Les noms des marques sont partout (oui, bon, il s’agit quand même d’un magasin, certes) et avec la foule, on n’y voit pas grand-chose. Andy était excité et…l’émotion est bien vite retombée.
8 – On voit des amis dans le Marais
J’ai retrouvé deux copines dans le quartier juif de Paris et tout a été trop vite. Nous nous sommes retrouvés dans un restaurant bondé et dont l’hygiène laissait clairement à désirer. Impossible de s’entendre clairement et de respirer. Elles avaient leur programme derrière alors j’ai proposé de nous revoir deux jours plus tard, dans un cadre plus tranquille, autour d’un café. Finalement l’une a annulé et ça ne s’est pas fait. Je suis un peu déçue, mais je comprends aussi que ce n’est pas parce-que je viens en France que tout le monde doit être disponible, alors je me fais une raison.
9 – On court sous la pluie et le ciel gris de Paris
Paris s’est montré pluvieuse, comme à son habitude. Paris sans la pluie ne serait pas Paris ! Je sais qu’à l’heure où j’écris cet article, le niveau de la Seine commence tout juste à redescendre. Mais c’est ainsi qu’on aime Paris l’hiver, sous son ciel gris. En fait, je dirais même que ça a un certain charme…Dior ne s’y est pas trompé et l’utilise à son avantage dans ses campagnes publicitaires.
10 – On admire Notre-Dame de nuit
Je ne me lasse pas de Notre Dame même si je n’y suis pas entrée depuis de très nombreuses années. Toute la façade a été récemment ravalée et elle n’est plus triste et grise comme avant. Je lui fais face et je me rappelle alors le roman Notre Dame de Paris de Victor Hugo. Je pense alors à Victor Hugo et à son appartement Place des Vosges. Et je pense aux autres grands écrivains français, en vrac : Jean-Jacques Rousseau, Charles Baudelaire, Guillaume Apollinaire, Gérard de Nerval, Paul Eluard, Louis Aragon, Marcel Proust, Gustave Flaubert, Stendhal, Théophile Gauthier…et je me dis que quand même, même si c’est passionnant de vivre dans un autre pays, et bien ma culture, elle aussi, est passionnante.
11 – On fait tout à pieds
Comme je l’ai déjà mentionné dans le blog, à Monterrey, on ne peut pas marcher, à moins de se rendre dans un parc ou dans les montagnes comme Chipinque. La ville n’a tout simplement pas été pensée pour les piétons. Il n’y a pas de trottoirs. Ainsi, même si la distance à parcourir est courte, il faut se déplacer en voiture. Je pense que c’est ce qui me pèse le plus dans mon quotidien à Monterrey. Ne pas pouvoir sortir de l’immeuble sans avoir de destination particulière et simplement marcher…Alors quand je suis à Paris, je ne prends jamais la voiture et le moins possible les transports en commun. Je marche et je m’enivre de la ville, de ses bruits, de ses odeurs, des battements de son cœur.
12 – On se fait un bar à vin
J’ai découvert le Barav’ dans le 3ème, à proximité du Carreau du temple et du Marché des Enfants Rouges. Curieusement l’air était doux ce soir-là donc on a pu s’installer pendant un temps dehors, avant qu’on ne nous transfère à l’intérieur, les voisins se plaignant du bruit. On se commande une bouteille de Menetou Salon et une planche de charcuterie/fromage et le tour est joué !
13 – On achète du thé et du chocolat
Quand on est expatrié et que l’on vient en France, on fait le plein ! Le plein de toutes ces petites choses qui nous manquent dans notre pays d’adoption. Dans mon cas c’est difficile car le Mexique laisse peu de latitude : par exemple il est impossible de ramener des produits tels que la charcuterie ou le fromage, les bouteilles d’alcool sont limitées, mais surtout les règles ne sont pas toujours respectées de la part des douaniers. Un agent peut très bien vous prendre une bouteille de votre valise en vous disant que ce n’est pas autorisé alors que ça l’est. Probablement, il se la boira avec ses collègues…Ce n’est pas une image très reluisante du Mexique mais malheureusement c’est la réalité. Le fait est que cette fois-ci, je n’avais pas assez de place dans ma valise pour ramener tous les produits français que je voulais…Les vêtements d’hiver, ça prend de la place !
Je suis quand même allée chez Damann pour le thé et chez Lindt pour le chocolat ! Nous avons réparti les boîtes entre la valise d’Andy et la mienne et…c’est passé !
14 – Le dimanche on retourne sur les lieux du crime
Andy et moi sommes allés à la messe du dimanche dans l’église où nous nous sommes mariés. Et le lendemain, nous y sommes retournés pour boire un café avec le prêtre. J’aime l’église Saint Joseph. Elle se trouve en face de mon ancien appartement parisien, elle est charmante et c’est là que je me suis réconciliée avec la foi. Chaque fois que je suis à Paris, j’y vais pour me recueillir et m’apaiser.
15 – On fait une promenade en bateau sur la Seine
Le 31 décembre, mon papa nous a fait la surprise de nous emmener pour une ballade en bateau sur la Seine avec une coupe de champagne. Quoi de plus magique ? Je crois qu’à certains égards, l’expatriation rend les instants plus forts. La séparation quotidienne rend toujours les retrouvailles et les moments partagés plus intenses. L’expatriation créée toujours des souvenirs chargés d’émotion. Après la ballade nous avons dîné à la maison et nous avons respecté la tradition des « 12 uvas » ou 12 grains de raisin. Et oui, j’ai des origines espagnoles et non, je ne parlais pas espagnol avant d’arriver au Mexique. La coutume veut qu’à chaque coup des 12 coups de minuit on mange un grain de raisin. J’ai lamentablement échoué à ingérer tous les grains mais je me suis bien marrée.
16 – Je prends un verre avec Sas’, ma meilleure amie
Depuis que j’ai fait le choix de m’installer au Mexique, ma relation avec ma meilleure amie a réellement été impactée. J’ai eu l’opportunité de la voir pendant mon séjour, le 1er janvier pour être exacte. Nous sommes allées prendre un verre dans un des rares cafés qui étaient ouverts. C’était bon de la voir et paradoxalement, c’était frustrant car je savais qu’il ne s’agissait que d’un instant volé. Bien-sûr que lorsque je suis au Mexique, nous pouvons utiliser Skype et Whatsapp, mais Sas’ n’est pas franchement connectée. De plus, pour elle, rien ne peut remplacer la chaleur d’une vraie rencontre. Difficile lorsque l’on est à des milliers de kilomètres…Néanmoins, j’essaie d’être positive : au moins, nous nous sommes vues. C’est mieux que rien et j’espère que dans le futur, nous parviendrons à maintenir un lien plus étroit car avec la distance, le lien est devenu fragile. Mais il s’est passé quelque chose d’étrange : Sas’ m’a donné le livre L’amie prodigieuse qui est le premier tome de la saga d’Elena Ferrante. Elle voulait que je le lise. Ce qui est drôle, c’est que j’ai lu la saga et que j’ai immédiatement pensé à elle durant ma lecture, et que moi aussi je voulais lui recommander ces livres. Comme quoi, le lien est toujours présent entre nous.
17 – Nous déjeunons au buffet chinois
Nous sommes allés déjeuner un midi avec ma maman et mes sœurs dans un buffet chinois. J’étais contente car trouver de la bonne nourriture chinoise à Monterrey est relativement ambitieux. Et puis, je suis repartie avec mon calendrier chinois !
18 – Je découvre la marque Aroma Zone
Si je suis loin d’être accro au maquillage, en bonne française qui se respecte, j’aime prendre soin de ma peau. J’utilise habituellement des produits de chez Clarins ou Biotherm, mais j’aime de temps en temps tester de nouveaux produits. Ma cousine m’a parlé d’Aroma Zone, une marque de produits de beauté BIO et d’aromathérapie, respectueuse de l’environnement. On y trouve des huiles essentielles, des huiles végétales et des bases neutres afin de créer sa propre combinaison. J’ai fait ma propre crème visage et mon propre gel douche (des conseils sont donnés en magasin mais vous avez toutes les informations sur le site) et je suis convaincue ! Le bémol : la boutique d’Odéon (unique à Paris) est toujours pleine. Une plus grande va ouvrir sur le boulevard Haussmann mais en attendant, je recommande plutôt de commander en ligne.
19 - J’achète un carnet « so Paris » et un agenda Moleskine
J’ai le bourdon à l’idée de rentrer/retourner au Mexique (je ne sais même plus dans quel sens utiliser le mot « rentrer » : dans le sens Mexique-France ou France-Mexique ?), alors je suis entrée dans une papeterie du côté d’Odéon où voici ce que j'ai acheté:
20 – Andy découvre les moules-frites
Le soir avant notre départ, mon père nous a invité au restaurant pour un « moules-frites » : une première pour Andy. A Monterrey, j’ai cuisiné des moules au vin blanc une fois, mais encore faut-il en trouver : ce n’est vraiment pas courant. La « dernière » soirée est toujours quelque chose de difficile. J’ai beau me résonner, me répéter que ça va aller, que je vais reprendre mon quotidien, que j’ai choisi cette vie, il n’y a rien à faire. J’ai toujours cette boule au creux du ventre, une inquiétude, un tourment. Je suis grès à mon papa de nous inviter à l’extérieur à chaque fois, à chaque dernier soir : cela rend les choses plus légères et leur donnerait presque un air de fête.
Et puis c’est déjà le départ...J’ai le cœur lourd. Dans l’avion je croise des têtes connues : une française qui vit comme moi à Monterrey mais dont je ne suis pas spécialement familière, et un couple mexico-danois. Curieusement, personne ne se salue, personne n’est vraiment d’humeur. C’est un vol de nuit et tout le monde s’est déjà mis en mode « veilleuse ». A l’arrivée, après 11 heures de vol et un changement d’avion dans la ville de Mexico, je cours direct au bureau mais je sais que ce n’est plus pour très longtemps car d’autres projets m’attendent…
Et dans tout ça, il y a bien quelque chose qui me met du baume au cœur : ma cousine Viviane avec qui j’ai grandi, va venir me rendre visite au Mexique au mois de mars !!! Et ça, c’est sûrement le plus beau cadeau de noël. "By the way", voici ci-dessous le resto où elle bosse. Ca s'appelle Merguez et Pastrami et c'est super sympa:
Si vous aussi êtes expatrié ou si vous avez des questions sur l’expatriation, n’hésitez pas à commenter et/ou poser vos questions ci-dessous !