La semaine dernière, j’ai commencé à vous parler de Lisbonne en vous expliquant pourquoi j’en suis tombée amoureuse. J’ai évoqué la chaleur des lisboètes, le charme de la ville, la gastronomie et l’incroyable mariage entre tradition et modernité entre autres. Aujourd’hui, je poursuis ma série d’articles sous le sceau du soleil portugais en vous parlant de mes endroits « coups de cœur » à Lisbonne et ce que je conseille de faire. C’est bien-sûr subjectif car ma sélection est toute personnelle mais je vous promets que ça en vaut la peine.
1 – Prendre son petit-déjeuner sur la Praça das Flores
Cette charmante petite place est située tout près du quartier animé du Barrio Alto et à seulement cinq minutes de Principe Real. L’atmosphère y est très calme et donc parfaite pour prendre le temps de se réveiller en douceur avant d’attaquer une journée de visites et d’exploration.
2 – Lire sur un banc de Principe Real
De la Praça das Flores, il faut prendre une des rues grimpantes. Pas plus de cinq minutes sont nécessaires pour y parvenir mais c’est très raide. Située entre le Barrio Alto et le Rato, Principe Real abrite parmi les plus vieux arbres du Portugal. C’est très vert et très calme, ce qui se prête idéalement à la rêverie et au centre, se trouve un kiosque buvette très agréable. Dans le quartier on trouve des galeries d’art, des petites boutiques de stylistes portugais et des pâtisseries trendy : il s’agit donc d’un shopping alternatif où vous ne trouverez aucune grande enseigne.
3 – Admirer la ville depuis le belvédère d’Alcantara
Tout près de Principe Real se trouve le belvédère d’Alcantara, un immense mirador en haut du Barrio Alto, qui offre un superbe panorama sur tout Lisbonne.
4 – Marcher le long du Tage de la Praça do Comercio jusqu’à Belém
Après avoir quitté le belvédère et être descendu jusqu’à la Praça do Commercio, la plus grande place de Lisbonne, il suffit de longer le Tage jusqu’au quartier de Belém. Toute la partie le long du fleuve appartient au quartier de la Baixa, entendez-ici « ville basse », et pour cause, nous sommes littéralement aux pieds de Lisbonne et de ses sept collines.
La place du commerce, que je considère comme le point de départ de la promenade, fût pendant de nombreuses années la porte de Lisbonne. Originellement appelée “Terreiro do Parço” (cour du palais) en raison du Palacio da Ribeira, la résidence royale édifiée pour Dom José Ier, elle fût renommée Praça do Comercio suite au séisme de 1755. Reconstruite sur les décombres du palais royal elle devint un point stratégique de la ville où arrivaient les bateaux de marchandises. Son centre est occupé par la statue équestre de Dom José.
C’est sur cette même place qu’en 1908 le roi Carlos Ier et son fils, le prince Luis Felipe, y furent assassinés, événement qui marqua l’agonie de la monarchie portugaise : la proclamation de la république portugaise eu lieu deux ans plus tard, le 5 octobre 1910. Aujourd’hui, la place abrite ministères et administration du gouvernement.
5 – Apprécier le Monument aux Découvertes et la Tour de Belém
Marcher sur la promenade le long du Tage vous mènera jusqu’à Belém. Les anciens docks où les marchandises étaient autrefois déchargées ont été peu à peu reconvertis en boutiques, restaurants et galeries d’art. Petit à petit les docks disparaissent et il n’y a plus que l’air marin avec en toile de fond le pont du 25 avril et la statue du Cristo Rey. Pour l’anecdote, le pont qui n’est pas sans rappeler celui de San Francisco, est bel et bien antérieur à celui de la ville californienne. Il en est de même pour le Cristo Rey : sa construction a précédé celle de Rio de Janeiro.
Parvenus à Belém, on peut apprécier deux monuments majeurs : le Padrão dos Descobrimentos (Monument aux Découvertes) et la Torre de Belém. Le Monument aux Découvertes, sculpture en forme de caravelle, fût construit en 1960 en mémoire des navigateurs portugais des XVème et XVIème siècles et pour célébrer le 500ème anniversaire de la mort d’Henri le Navigateur (1394-1460). Bien qu’il n’ait jamais navigué, ce dernier joua un rôle actif dans l’expansion coloniale européenne au travers de son mécénat.
A proximité du monument se trouve la Tour de Belém, qui édifiée par le roi Manuel Ier entre 1514 et 1519, avait une fonction militaire. Son objectif principal était en effet de défendre l’entrée du port de Lisbonne dans la mesure où elle se situe à l’entrée de l’estuaire. Elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983.
6 – Faire la visite du Monastère des Hiéronymites
Lorsque l’on fait face au Tage, derrière nous se trouve le Mosteiro dos Jerónimos. De style manuélin, à l’instar de la Tour de Belém, cette fondation royale de la fin du XVème siècle commandée par le roi Manuel Ier à l’architecte Diogo de Boitaca, eut originellement pour vocation d’accueillir l’ordre espagnol des hiéronymites. Il s’agissait d’un geste du roi Manuel Ier envers les rois catholiques avec lesquels il souhaitait s’allier par l’entremise d’un mariage avec leur fille. Le bâtiment échappa au séisme de 1755 mais fût néanmoins endommagé par les troupes anglaises de Wellington qui y furent cantonnées, venues combattre les troupes napoléoniennes au début du XIXème siècle. Suite à l’expulsion de l’ordre des hiéronymites en 1834, l’église est devenue paroissiale. Aujourd’hui, le monastère abrite les musées de la marine et de l’archéologie.
Si vous n’êtes pas un grand adepte des visites, n’hésitez pas à tout de même vous approcher du monument. C’est un chef d’œuvre de l’art manuélin qui se caractérise par son mélange de styles roman, gothique flamboyant et mauresque. De plus, on retrouve dans l’art manuélin une profusion de motifs décoratifs liés aux grandes découvertes et à la marine portugaise : coquillages, coraux, vagues, poissons, encres, cordages, proues de caravelle…Sur la façade du monastère on peut aussi voir des animaux d’Afrique dont la représentation ne colle pas à la réalité. Ces animaux alors inconnus représentaient un sujet d’émerveillement et leur sculpture fût réalisée d’après le récit de marins.
7 – Déguster un tosta mista et un pastel de nata à la Pastelaria de Belém
Suite à la visite, l’on peut trouver différents restaurants où déjeuner mais j’avais pris pour habitude d’aller à la Pastelaria de Belém. La pâtisserie est connue pour ses fameuses pastéis de nata dont on dit qu’elles sont les meilleures de Lisbonne et je confirme. Ces tartelettes crémeuses saupoudrées de cannelle sont un vrai délice et la Pastelaria de Belém a sans conteste un savoir-faire traditionnel. Pour le déjeuner voici ce que je commandais : un jus d’orange frais, un tosta mista (assimilable au croque-monsieur mais fait avec un pain de campagne artisanal) et un pastel de nata.
L’endroit vaut vraiment le détour car outre le fait de bien y manger les murs de l’immense salle sont recouverts d’azulejos tout en blanc et bleu, ce qui est plein de charme.
8 – Faire la visite du musée Calouste Gulbenkian
De retour en ville je conseille la visite de la collection Gulbenkian qui regroupe des tableaux et des objets d’art de l’Antiquité au début du XXème siècle en provenance d’Europe, d’Afrique et d’Asie. Pénétrer dans l’univers de Gulbenkian (1869-1955), homme d’affaires arménien qui fit fortune dans les industries pétrolières, c’est faire un voyage entre des pièces égyptiennes, gréco-romaines, orientales, des œuvres de Rubens et de Degas, ou encore des bijoux de Lalique et ce ne sont que des exemples.
Calouste Gulbenkian, qui s’était établi en France, déménagea au Portugal lors de la Seconde guerre mondiale où il y vécut jusqu’à sa mort. Il exprima dans son testament le souhait de créer une fondation à Lisbonne portant son nom et abritant sa collection d’art au profit de l’humanité. Après diverses négociations avec la France, la totalité de la collection Gulbenkian fut ramenée au Portugal en 1960, et exposée dans un premier temps au Palais du Marquis de Pombal à Oeiras. Puis la fondation et le musée Gulbenkian ouvrirent à Lisbonne en 1969, à l’occasion du 100ème anniversaire de la naissance du collectionneur.
Au sein du même musée, il y a également une collection d’art moderne et contemporain, indépendante de la collection Gulbenkian.
9 – A la tombée de la nuit, écouter du fado dans l’Alfama
Le soir venu, c’est le moment de se rendre dans le vieux quartier de l’Alfama où se situe le Castillo San Jorge car l’on peut y écouter le fameux fado, chant mélancolique accompagné de cordes pincées typique du Portugal. Il n’y a pas forcément besoin de chercher un restaurant ou un bar en particulier : en se promenant tout simplement dans le quartier on tombe naturellement dessus. Si vous souhaitez avoir une idée plus précise de ce qu’est le fado, je vous invite à écouter la chanteuse Amalia Rodriguez (1920-1999), surnommée la reine du fado : grande ambassadrice culturelle du Portugal, sa voix lui a valu une réputation internationale.
10 – Dîner au Kais le long du Tage
Mon restaurant favori pour dîner à Lisbonne est sans conteste le Kais. Situé dans un ancien dock au bord du Tage il est divisé en deux espaces : l’un gastronomique à l’étage et un autre plus traditionnel au sous-sol. Je ne suis jamais allée dans la partie gastronomique car j’ai tout simplement été séduite par l’espace en sous-sol qui s’apparente à une véritable cave à vins. La salle est grande et relativement obscure, simplement éclairée de lumières tamisées et l’on y mange à de grandes tables en bois sombre. Tout autour, les murs abritent des étagères remplies de bouteilles de vin. Il s’agit d’un menu unique avec plusieurs entrées, plusieurs plats principaux et plusieurs desserts. L’idée est de pouvoir goûter à tout et donc de bénéficier d’un tour de la gastronomie portugaise. Le serveur vous proposera tous les plats en vous expliquant de quoi il s’agit : libre à vous de goûter ou refuser. En ce qui me concerne, j’ai trouvé que tout était délicieux.
11 – Prendre un verre au Lost In
A gauche du belvédère de l’Alcantara, quand on fait face à la ville, se trouve le bar du Lost In où il est très agréable de prendre un verre. Dans la prolongation du mirador, de la terrasse, on a une vue plongeante sur Lisbonne. Lorsque le vent se lève, des plaids sont mis à disposition. Sur fond de musique lounge douce on se détend.
12 – Vivre la night life du Barrio Alto
Le Barrio Alto est LE quartier pour sortir le soir par excellence. C’est plein de petits bars et le week-end ça grouille de partout. Les ruelles sont noires de gens qui savourent leur verre à même la voie publique sans que ce ne soit un problème. L’atmosphère y est à la fois très festive et amicale.
13 – Déjeuner un bacalhau « a bras » accompagné de vinho verde
Le Portugal ne tarit pas de recettes pour cuisiner la morue qui est une spécialité nationale. Le bacalhau « a bras » est sa version la plus connue et consiste à émietter la morue avec des pommes de terre, de l’ail, de l’huile d’olive et des olives noires. On peut l’accompagner d’un vinho verde bien frais, vin blanc de table portugais légèrement pétillant.
14 – Visiter l’Oceanário
L’Océanorium se situe dans le quartier moderne de l’Oriente qui est un peu excentré et il est donc nécessaire de prendre le métro pour s’y rendre. Son bâtiment, ainsi que la zone où il se situe, contraste avec le centre de Lisbonne par son architecture avant-gardiste. Transformé pour l’exposition internationale de 1998 on y découvre des édifices ainsi que le pont Vasco de Gama d’une modernité saisissante. Comme je l’ai mentionné dans mon précédent article sur Lisbonne, je ne suis pas en faveur d’enfermer des animaux sauvages dans des zoos ou bien des aquariums. Néanmoins, je reconnais que l’Océanorium de Lisbonne effectue de formidables travaux de préservation des espèces marines.
15 – Savourer une glace chez Santini
Au milieu de l’après-midi et lors de mes pérégrinations dans le Chiado, je ne me refuse jamais une glace chez Santini, l’un des glaciers les plus anciens du Portugal qui fût fondé en 1949.
Une alternative à Santini que je ne connais pas mais dont on m’a beaucoup parlé est Nannarella, glacier artisanal italien ayant ouvert ses portes en 2013. Les glaces y sont 100% naturelles, sans colorant et sans conservateur. Et bien que le couple de propriétaires soit italien, il explore des saveurs toutes portugaises telles que la banane de Madère, la fleur de basilic ou encore le lait Vigor.
16 – Visiter le musée national de l’Azulejo
Le musée national de l’Azulejo, situé au nord de l’Alfama mais avant le Parque dos Nações, offre un panorama de l’histoire de l’azulejo du XVIème siècle à nos jours et occupe l’ancien monastère de Madre de Deus fondé en 1509 par la reine Leonor (1458-1525). Les azulejos sont ces fameux carreaux de faïence originellement bleu et blanc d’origine maure qui furent utilisés au cours des siècles pour divers motifs : la décoration, l’ornementation mais aussi leur fonction rafraîchissante. On les retrouve à la fois sur les façades extérieures des bâtiments et à l’intérieur des maisons, dans les édifices religieux, les stations de métro et dans la rue. Pour information, on les retrouve également dans le sud de l’Espagne en Andalousie.
17 – Goûter au moscatel
Le moscatel, est un vin sucré provenant d’un cépage éponyme qui pourrait s’apparenter en France au vin de muscat. Il est en général originaire de la région de Setúbal, la péninsule au sud de Lisbonne, mais il est également produit dans la vallée du Douro. Sa couleur varie du brun clair au brun rougeâtre et il se consomme à l’apéritif bien frais ou en accompagnement du dessert.
Cette sélection de choses à voir, faire ou déguster n’est bien-sûr pas exhaustive mais il s’agit de mes coups de cœur dans la ville. C’est du vécu personnel et c’est en ça que je trouve le principe du blog si intéressant : on y parle d’expérience et d’authenticité. Je pense que j’ai encore beaucoup à dire sur Lisbonne (quand on aime on ne compte pas) mais dans les semaines à venir je vous emmènerai dans d’autres coins du Portugal qui m’ont aussi charmé.
Si vous aussi vous avez voyagé au Portugal ou bien que vous souhaitez y aller, n’hésitez pas à commenter et/ou poser vos questions ci-dessous !