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Se faire opérer au Mexique / Le système de santé au Mexique


Il y a une semaine, je me suis fait opérer du pied droit. L’un des aspects non négligeables de l’expatriation est la santé. Dans mon cas précis, je ne suis pas affiliée à la CFE (Caisse Française des Etrangers) car ma situation professionnelle n’est pas stable et son coût annuel est élevé (environ 360€/trimestre). En outre, les remboursements de frais de santé sont très longs (bien souvent des mois d’attente sont nécessaires et comment faire lorsque l’on ne peut avancer tous les frais ?) et envoyer les documents justificatifs à la CFE en France coûte également très cher (environ 50€ l’envoi par DHL, UPS ou Fedex). Comment suis-je donc couverte au Mexique ?

* Une assurance de soins privée

Comme beaucoup de Mexicains, j’ai souscrit à une assurance de santé privée. Il existe un système de sécurité sociale au Mexique où l’affiliation n’est pas automatique : il faut y souscrire individuellement et son coût est très bas (il est indexé sur le montant de son salaire mais reste invariablement mineur). Néanmoins, les hôpitaux publics au Mexique ne sont en rien comparables à ceux en France. Bien que le système de santé publique français soit mis à mal, les structures hospitalières au Mexique sont bien plus affectées : plus de deux patients par chambre (cela peut aller jusqu’à 4 ou 5), manque cruel de matériel, manque d’hygiène, saturation, heures d’attente, mois d’attente pour une chirurgie, etc…Les conditions de travail et d’accueil y sont dramatiques. Je suis donc, parce-que je peux me le permettre, affiliée à un système privé. Problème : lorsque j’ai informé mon assurance que je nécessitais une chirurgie du pied droit pour corriger un hallux valgus (déformation osseuse handicapante et douloureuse), elle m’a informé qu’elle ne la prendrait pas en charge. Mais pour quelle raison ?

Lorsque l’on souscrit à une assurance santé, le conseiller nous fait remplir un questionnaire médical où il est impératif de dire la vérité. On doit donc déclarer tout type de maladies préexistantes et renseigner son historique médical de façon précise. En fonction de son sexe, de son âge et de son historique médical, le coût de l’assurance varie. Une personne âgée fumeuse paiera par exemple bien plus qu’une personne de 25 ans n’ayant jamais nécessité de soins. Triste mais vrai : c’est juste du business. C’est le business de la santé. Dans mon cas, le conseiller a exercé une forte pression pour que je déclare que j’avais un hallux valgus au pied droit et ce fût une grande erreur. Je n’avais aucun historique médical relatif à cette affection et j’aurais pu tout simplement ignorer que je souffrais d’un hallux valgus. Beaucoup de personnes en ont un sans savoir ce que c’est. Ne connaissant pas bien le système des assurances privées j’ai donc renseigné mon affection. Résultat : l’assurance m’a informé qu’elle ne couvrirait pas les frais de mon opération dans la mesure où il s’agissait d’un problème de santé que j’avais avant. J’ai également déclaré que je souffrais d’asthme depuis mon enfance mais le cas est différent : si je fais une crise et suis amenée à aller aux urgences, mes soins seront couverts car il s’agira de soins d’urgences. Mais là encore, il y a un « mais ». Quelque soient mes soins, je dois en assumer une part. En fonction du type d’hôpital, je dois m’acquitter de 3 800 MXN (166€), 6 300 MXN (276€) ou 8 800 MXN (385€) plus 10% de la note totale de l’hôpital. Et en réalité, c’est même plus complexe que cela mais mon but n’est pas d’expliquer tous les méandres de mon assurance.

Ma volonté est simplement de démontrer à quel point le système des assurances de santé privée, comme c’est aussi le cas aux Etats-Unis, est un vrai bourbier où l’on se fout de la santé des patients et pire, où l’on cherche juste à se faire du fric sur leurs malheurs et leurs souffrances.

Une personne atteinte d’un cancer ne pourra jamais changer d’assurance car avec ce type de préexistence médicale, aucun autre groupe d’assurance ne la couvrira en cas de récidive. Elle restera donc avec la même assurance toute sa vie mais son coût augmentera avec le temps : si elle n’a pas les moyens de l’assumer elle n’aura aucune prise en charge. Alors oui bien-sûr il reste la sécurité sociale mexicaine. Les hôpitaux publics sauvent des vies et la médecine y est bonne mais comme je l’ai souligné, les conditions d’accueil y sont dramatiques, les équipes soignantes surmenées, les soins bâclés.

Autre point non négligeable à préciser : cette assurance ne couvre que les « gastos médicos mayores » soit les hospitalisations. Aucune consultation médicale classique (généraliste, gynécologue, ophtalmologue, etc…) n’est remboursée. Il en va de même pour les médicaments : tout est à régler soi-même, sur ses deniers. Et si l’on ne peut pas ? On ne se soigne pas.

* Payer de sa poche

Comment ai-je donc fait pour me faire opérer ? Cela faisait désormais plus de 10 ans que je souffrais de mon hallux valgus et qu’il était devenu dernièrement très douloureux : souffrance lors de mes courses et même lors de la marche, impossibilité à entrer dans certaines de mes chaussures…Je ne pouvais plus repousser cette opération. Il a donc fallu payer avec mon mari de notre poche. J’ai au total rencontré trois chirurgiens différents afin d’en savoir plus sur l’opération. Je suis originellement infirmière et il était pour moi inconcevable de me lancer les yeux fermés sans avoir des informations précises. Lorsque mon choix s’est finalement porté sur le dernier chirurgien que j’ai rencontré et qui est spécialisé dans la chirurgie orthopédique du pied et de la cheville, il m’a informé que l’hôpital où il donnait ses consultations était très cher et qu’il pouvait m’opérer dans une autre structure moins onéreuse. Un aspect médical propre au Mexique est que les médecins et chirurgiens peuvent opérer dans différents hôpitaux de celui auquel ils sont rattachés. Le chirurgien m’a donc communiqué les prix suivants relatifs à différents hôpitaux à Monterrey sans nuit d’hospitalisation :

  • La Clinica La Salle : 30 000 MXN (1 315€)

  • L’OCA : 52 000 MXN (2 277€)

  • Le San José (TEC Salud) : 65 000 MXN (2 846€)

  • Le Zambrano Hellion (TEC Salud) : 67 000 MXN (2 934€) / C’est l’hôpital où mon chirurgien donne ses consultations et auquel il est rattaché.

  • Le Muguerza: 70 000 MXN (3 065€)

* Le choix d’une petite clinique privée

Tous les grands groupes hospitaliers étaient hors de prix et j’ai alors vraiment commencé à m’inquiéter. En France, que ce soit en tant que patiente (mais cela a été très rare) ou en tant qu’infirmière, je n’avais évolué qu’au sein de grands hôpitaux, grandes cliniques, CHU (Centres Hospitaliers Universitaires) et je n’avais aucune confiance dans une petite clinique, qui plus est dans un autre pays. Je me questionnais sur l’hygiène, le matériel, la formation des professionnels en poste, etc…J’ai fait part de mes inquiétudes au chirurgien qui s’est montré très rassurant. Ses arguments étaient en réalité simples et plutôt convaincants :

1 – S’il me proposait de m’opérer à la Clinica La Salle c’est parce-qu’il avait confiance dans la structure, était habitué à travailler avec eux et que son but n’était pas de mettre sa carrière en péril.

2 – Bien que la récupération soit longue, mon intervention ne nécessitait pas un grand hôpital car c’était une procédure relativement simple et rapide (environ 1h).

3 – Ce qui comptait avant le lieu, c’était la qualité du chirurgien.

A la suite de ces arguments et contrainte financièrement je me suis donc engagée à me faire opérer à la Clinica La Salle.

* La période préopératoire

La semaine qui a précédé l’opération, à ma demande le chirurgien m’a renvoyé par mail (donc par écrit) le coût de l’opération et ce qu’il incluait : je ne souhaitais en effet pas de mauvaise surprise. Prix total de 30 000 MXN (1 315 €) incluant :

  • Honoraires médicales (chirurgien, assistant et anesthésiste)

  • Usage du bloc opératoire

  • Matériel nécessaire à l’opération

  • Chaussure orthopédique post-chirurgie

  • 3 premières consultations postopératoires

Par la suite, il m’a demandé d’effectuer les examens sanguins classiques avant une chirurgie et m’a envoyé une lettre avec différentes instructions à fournir lors de mon arrivée à la clinique le jour J.

* Le jour J

Je suis arrivée assez tendue à la clinique le lundi matin à 6h30 (l’opération était prévue à 8h). Je pense que le fait d’être en terrain inconnu a sans nul doute joué sur moi. De plus, être infirmière ne facilite pas nécessairement les choses. On connaît les risques, ce qui pourrait éventuellement arriver et cela augmente l’anxiété. Enfin, je pense que les soignants sont peut-être les pires patients : se retrouver de l’autre côté de la barrière, très peu pour nous. Nous sommes les aidants, pas ceux qui nous faisons aider. Se retrouver soudainement dans une situation de vulnérabilité produit un étrange effet.

J’ai été très bien accueillie. Après avoir rempli quelques rapides formalités administratives à l’accueil, une infirmière m’a accompagné à ma chambre, ma donné une blouse médicale et est ensuite venue me perfuser. Elle s’est rendu compte que j’étais tendue et a essayé de me rassurer. Puis j’ai attendu. En observant autour de moi, je me suis rendu compte que le lieu était simple mais très propre. Peu de temps avant de descendre au bloc, le chirurgien est venu me voir afin de « resolver mis últimas dudas » pour reprendre ses mots. Comme toujours, il a été très patient et sa confiance m’a un peu calmé. Puis l’on est venu me chercher pour le bloc : moment de grande angoisse.

Parvenue en bas on a revérifié mon identité, le pied à opérer, etc…et l’anesthésiste est venu me poser quelques questions. A mon entrée dans le bloc, tout était impeccable : ça brillait. Le chirurgien m’a souhaité la « bienvenida » et alors que je tremblais de froid ou de peur (ou sûrement des deux) je me suis endormie. J’ai ouvert les yeux durant l’opération : rien d’anormal puisqu’il s’agissait d’une sédation associée à une anesthésie des membres inférieurs. L’anesthésiste m’a tranquillement fait dormir un peu plus. Lorsque je me suis à nouveau réveillée c’était fini et j’avais l’étrange impression que le temps était passé très vite.

Avant / Après

Je suis restée plus de deux heures en salle postop car mes membres inférieurs, en particulier la jambe droite qui avait été opérée, ont mis beaucoup de temps à se réveiller. On m’a ensuite remontée dans ma chambre où j’ai dû rester environ 2 heures avant de quitter la clinique. On m’a servi un jus (trop sucré pour moi), une gélatine (c’est très américain et je n’en mange pas au vu de la composition) et une bouteille d’eau.

L’attention médicale a été impeccable et très professionnelle, le lieu était propre, donc rien à redire. C’est après que les choses se sont compliquées…

De retour à la maison, Tess m'a sauté dans les bras et j'allais bien

* Une erreur médicale qui m’a coûté cher

Sur le chemin du retour à la maison, Andy s’est arrêté à la pharmacie pour acheter les médicaments prescrits par le chirurgien d’une part, et l’anesthésiste d’autre part. Dans la mesure où j’étais un peu dans les choux et où je n’avais pas complètement récupéré la sensation totale de ma jambe droite, j’avoue ne pas avoir réagi comme infirmière mais comme patiente. Rassurée par la manière dont les choses s’étaient passées, j’ai pris les médicaments prescrits sans trop me poser de question et sans vraiment chercher à analyser ce que je prenais. Le soir la douleur était très intense et Andy a donc appelé le chirurgien : il m’a indiqué que je pouvais augmenter les gouttes de Tramadol, un analgésique central à effet opioïde. Je suis partie me coucher et le réveil le mardi matin fût un enfer.

Lorsque j’ai ouvert les yeux, tout tanguait autour de moi et j’étais prise de violentes nausées. En souhaitant me lever pour aller aux toilettes j’ai failli tomber et je voyais littéralement tout tourner autour de moi. Andy a immédiatement appelé le chirurgien qui nous a indiqué d’arrêter le Tramadol : celui-ci peut en effet générer des nausées. Administrée en seringue électrique à l’hôpital, il est généralement associé à un antiémétique. Mais les nausées ne se sont pas calmées. Au total, j’ai vomi 8 fois dans la journée et je ne fus pas capable d’ingérer une goutte d’eau. Lorsque nous avons recontacté le chirurgien, il nous a donné le contact de l’anesthésiste : l’effet provenait peut-être d’un médicament prescrit par ce dernier. Nous l’avons appelé et il m’a recommandé de retirer le patch analgésique qu’il m’avait prescrit et que clairement j’avais oublié. Il s’agissait de buprénorphine 10 mg.

Mais mon état ne s’est pas arrangé. A chaque fois que j’essayais de boire, je vomissais et tout tanguait toujours. Et je me déshydratais…C’est à ce moment là qu’il nous aurait fallu aller à l’hôpital mais Andy qui avait confiance en l’équipe médicale a pensé que ça allait passer. Au fond de moi, je savais que mon état se détériorait mais j’étais incapable de réagir.

* Un séjour aux urgences

Le mercredi matin, j’hallucinais. J’étais toujours prise de nausées, je ne supportais aucun bruit, j’avais des visions…Autant dire, que ce fût l’une des pires expériences de ma vie. Expérience expatriée ? En tous cas, je ne la souhaite à personne. Je voyais un corbeau imaginaire tout près de mon visage, le lit se désintégrer, je paniquais et je criais. Andy a rappelé l’anesthésiste : il nous a recommandé de prendre un autre antiémétique afin de calmer les vomissements. Il ne voulait décidément pas comprendre que dès que j’ingérais quelque chose, je vomissais. C’est là qu’Andy a pris la décision de m’emmener aux urgences. Je ne pouvais pas marcher et il a dû me porter. Dans la voiture, je délirais. Malgré cela, je lui ai demandé de me conduire aux urgences d’un grand hôpital quel que soit le coût. A ce stade, je n’en pouvais plus et il n’était plus question de prendre aucun risque.

J’ai été immédiatement prise en charge. Diagnostic : grave déshydratation sans aucune surprise. On m’a immédiatement fait une prise de sang et perfusé. On m’a également administré un antiémétique par voie veineuse. Et peu à peu, j’ai recommencé à me sentir bien. J’ai littéralement eu la sensation que je revenais à la vie, que les choses reprenaient leur couleur, que les bruits étaient normaux. Le chirurgien a contacté Andy afin de savoir comment je m’étais réveillée et comment je me sentais. Quand il apprit que j’étais à l’hôpital, il nous envoya l’anesthésiste me visiter.

Mais que s’est-il-passé ? Pourquoi ai-je réagi ainsi aux médicaments ? Il s’est révélé que le problème n’était pas le Tramadol mais le patch de Buprénorphine. Nouvelle question : pourquoi donc l’anesthésiste m’a-t-il prescrit cette substance ? La buprénorphine est utilisée en France en traitement de substitution aux opioïdes lors des cures de désintoxication…Dans mon cas, il semble que le but était d’éviter la douleur mais j’avais déjà un traitement incluant un analgésique et un anti-inflammatoire, plus le Tramadol en cas de douleur intense…Je n’ai donc tout simplement pas d’explication. Au vu de ma formation d’infirmière, j’aurais sûrement dû investiguer quel était ce patch mais j’avoue qu’en post-chirurgie, j’ai tout simplement réagi comme patiente. J’ai pris les médicaments qu’on me donnait sans trop me poser de question. J’ai fait confiance.

Lorsque l’anesthésiste est venu me visiter aux urgences il a déclaré qu’il aurait pu venir me perfuser directement chez moi : pourquoi ne l’a-t-il donc pas fait lorsque nous l’avons contacté pour la énième fois dans la matinée ? Je suis convaincue qu’il a dit cela pour la simple raison qu’il a commencé à avoir peur des conséquences de ses actes, de son erreur. De mon côté, à cet instant, je n’avais ni la force, ni l’envie, ni le courage d’entrer dans un quelconque débat. Je voulais juste qu’il parte.

Finalement j’ai pu retourner chez moi dans l’après-midi après avoir été réhydratée et testé que je pouvais désormais boire correctement, sans vomir. La Buprénorphine étant onéreuse et le séjour aux urgences l’étant encore plus, cette erreur médicale qui m’a mise en danger nous aura coûté près de 10 000 MXN soit 438 €. Cela s’ajoute au coût de l’opération et n’était bien-sûr pas prévu.

Et maintenant

Je me sens beaucoup mieux. La douleur est bien-sûr présente mais gérable avec du paracétamol et un anti-inflammatoire par jour. Je n’ai pas droit à l’appui sur mon pied droit mais je me déplace en béquilles et je maintiens ma jambe surélevée lorsque je suis assise afin de diminuer l’inflammation. Je me sens frustrée d’avoir perdu ma mobilité car je suis quelqu’un d’actif mais je sais que c’est pour un meilleur futur. L’immobilisation de mon pied est de 5 semaines, temps que l’os se consolide, en particulier parce-que j’ai refusé d’avoir une vis. Il me faut être patiente et je reconnais que ce n’est pas franchement l’une de mes qualités. Dans une semaine, j’ai rendez-vous avec le chirurgien afin de retirer les sutures, nettoyer la cicatrice et faire un nouveau bandage d’immobilisation. Le processus de cicatrisation est long mais pour le moment l’évolution est positive.

Ma meilleure amie m’a demandé si cela se serait passé de la même manière en France ? C’est une bonne question. Je pense que oui, j’aurais bien-sûr pu faire une réaction aux médicaments, mais je ne pense pas qu’on m’aurait donné d’opioïdes et encore moins seule à la maison. Je serais probablement restée une nuit à l’hôpital. C’est une option que j’avais au Mexique mais c’était plus cher et surtout tout le monde, y compris mon mari, me disait que ce n’était pas nécessairement utile. La prochaine fois, car il y en aura une (un hallux valgus a commencé au pied gauche), je resterais à l’hôpital une nuit pour plus de sûreté. La vraie question est pourquoi m’a-t-on prescrit tant de médicaments contre la douleur et en particulier des opioïdes ? La vérité, c’est que je ne sais pas. Même si je suis en colère et même si j’ai été victime d’une évidente erreur médicale, je ne me vois pas entreprendre de quelconques poursuites. Je ne suis pas dans mon pays, je ne joue pas en terrain connu, je n’ai pas d’argent à mettre dans ce type de choses et au final, je m’en suis plutôt bien sortie.

Vivre à l’étranger comporte de nombreuses dimensions : l’éducation, le travail, les relations sociales, etc…et la santé en fait partie. On a toujours tendance à la minimiser, à la reléguer comme si ce n’était pas une priorité, comme si la maladie ne nous concernait pas. Pourtant, la maladie peut toucher tout un chacun et prévient rarement. La France, quoiqu’en dise les français, bénéficie d’un système de santé qui est parmi les meilleurs au monde. Nous avons la chance d’avoir accès aux soins sans avoir à y laisser toutes nos ressources et s’endetter. En tant qu’infirmière, je suis la première à reconnaître les failles du système : dévalorisation de la profession, manque d’effectifs, manque de moyens, surmenage, maltraitance, conditions de travail dégradées, mise en danger des patients et des soignants…mais en me confrontant à l’étranger, en vivant au Mexique, je m’aperçois que nous sommes sacrément bien lotis.

Au Mexique, comme aux Etats-Unis et comme dans beaucoup d’autres pays, la santé est un luxe. Les acteurs de la santé (laboratoires, groupes d’assurances et même les gouvernements) en ont fait un vrai business. Si l’on n’y pense bien, c’est écœurant. La santé coûte cher, très cher : comment donc la rendre plus accessible ? Je pourrais disserter durant des heures sur cette question et je suis sûre que vous aussi qui me lisez vous avez plein d’idées à ce sujet. Ma formation d’infirmière m’amène inexorablement à penser à l’humain avant tout. Et dans le même temps, mes études de commerce m’ont donné des outils pratiques et concrets pour repenser le système de santé. Lorsque j’ai postulé à Monterrey en management des soins, je n’ai pas réussi à me faire recruter. Durant près de deux ans, je me suis remise en question, j’ai douté de moi, j’ai perdu confiance, mais je sais aujourd’hui que j’étais tout à fait légitime pour un tel poste et même pour une position en tant que consultante en industrie de la santé. Mais au fond, ça n’a plus d’importance.

Je me suis fait opérer au Mexique et je vais bien.


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