Les deux articles du blog que j’ai écrit à propos de la capitale mexicaine sont un peu anciens et surtout ils sont en anglais. En outre, j’y ai à nouveau séjourné deux fois depuis : je vous propose donc aujourd’hui un nouvel article sur Mexico, en français et actualisé !
Comment définir Mexico en quelques mots ? Bouillante, grouillante, cosmopolite, saturée sont les premiers adjectifs qui me viennent à l’esprit pour la qualifier, mais je suis consciente que c’est assez réducteur. Mexico est avant toute une très grande ville qui compte 20 879 830 habitants. A titre d’exemple, Paris n’en compte que 12 532 430, Londres en dénombre 14 611 324 et Sydney, 4 676 118. En revanche, Jakarta, la capitale d’Indonésie, recense 31 689 592 habitants. Cela nous donne un certain ordre d’idées et place la capitale mexicaine parmi les vingt plus grandes villes du monde. Or qui dit grande ville dit pollution, contamination, embouteillages, nuisances sonores mais aussi visages multiples, identité bigarrée, diversité et grand nombre de choses à faire.
Il est assez simple de s’y repérer la ville étant divisée en quartiers :
* Le Centre Historique (Centro Histórico) : il s’organise autour du Zócalo (la place centrale face à la cathédrale) et se compose d’anciens bâtiments ainsi que du palais présidentiel.
* Alameda : à quelques mètres du centre, se situe le parc de l’Alameda, le Palais des Beaux-Arts (Palacio Bellas Artes) et l’antique bureau de poste (Palacio de Correos).
* Reforma : c’est le quartier financier. On y trouve le Paseo Reforma, grande avenue conçue selon le modèle des Champs-Elysées à Paris, ainsi que de nombreux bureaux. Au milieu du Paseo, se dresse l’Ange de l’Indépendance (Ángel de la Independencia).
* Bosque de Chapultepec : jouxtant Reforma, se trouve un immense parc (trois fois la taille de Central Park à New York) qui abrite entre autres un château et le Musée National d’Anthropologie.
* Polanco : à l’instar de Reforma, Polanco abrite de nombreuses entreprises mais c’est aussi et surtout le quartier des ambassades. Beaucoup d’étrangers y vivent, ce qui donne une atmosphère très internationale au lieu. C’est l’un des quartiers les plus modernes et les plus riches de la capitale.
* La Roma : elle est connue pour son calme, ses activités culturelles et surtout ses avenues et ses bâtiments de style européen. A cet égard, certaines personnes la désignent comme la « petite Europe ».
* La Condesa : elle jouxte la Roma et est bien plus dynamique. C’est un quartier de classe moyenne, plutôt jeune et où sortir le soir.
* Coyoacán : au sud de la ville, ce lieu à l’architecture principalement coloniale, abrite la Casa Azul, maison de Frida Kahlo et Diego Rivera.
* San Ángel : un peu excentré, c’est un petit quartier traditionnel avec des maisons coloniales très préservées et qui semble hors du temps. Les propriétés y sont très chères et on y trouve principalement la classe supérieure mexicaine.
Se déplacer
Pour se déplacer, il existe différentes possibilités. Le métro est très accessible mais bien souvent saturé (bien plus que le métro parisien, ce qui n’est pas peu dire) et relativement dangereux sur certaines stations : comme partout, il est donc nécessaire d’être prudent. Il existe également différentes lignes de bus, mais je ne les ai pas testés, ainsi que les taxis et les Uber si vous privilégiez la voiture. Le problème majeur de cette dernière est cependant le trafic. Les embouteillages sont très intenses à Mexico et il est facile de rester bloqué sur un même axe durant plusieurs heures…
Si vous avez le temps, je recommande plutôt de marcher ! Il y a des trottoirs partout (ce qui n’est pas le cas à Monterrey où je vis) et c’est le meilleur moyen de découvrir la ville. Marcher est selon moi une très bonne option pour prendre le pouls de la capitale, sentir son atmosphère, s’en imprégner.
Afin que vous puissiez pleinement visualiser, je vous livre ci-dessous mes coups de cœur de la ville, organisés par quartier.
Le Centro Histórico
Bien que ce ne soit pas mon endroit favori de la capitale, c’est un passage obligé et ça vaut le coup d’être vu. Sur la place du Zócalo, on peut voir le palais présidentiel (où cependant le Président n’habite pas ayant pour résidence principale Los Pinos situés dans le Bosque de Chaputelpec) et la cathédrale.
A environ quinze minutes de marche, le palais des Beaux-Arts (Bellas Artes) abrite un immense hall Art Déco (ambiance Gastby garantie) et à côté, se trouve le Palacio de los Correos, un antique bureau de poste construit entre 1902 et 1907, qui a conservé son charme d’antan.
Palacio de los Correos
Palacio Bellas Artes
Voici ce que je recommande de faire en particulier : prendre son petit-déjeuner à la Casa de los Azulejos, un antique édifice qui abrite un restaurant de la chaîne Sanborn’s, et se rendre au Bazar de la Fotografía, un magasin d’antiques photos, notamment de la révolution mexicaine, situé dans un immeuble bien caché.
Si vous passez Bellas Artes et que vous marchez environ quinze minutes, vous arriverez dans la Colonia Juarez où se trouve le Cafe Habana (Calle Morelos 62, Juárez, 06600 Cuauhtémoc, CDMX) : on raconte que c’est là que Fidel Castro et Che Guevara tramèrent la révolution cubaine.
La Roma
J’aime ce quartier car l’on n’y ressent pas l’agitation de la ville. On se sent comme un peu retranché de la frénésie ambiante, à l’abri. Les trottoirs y sont larges et toutes les allées bordées de grands arbres. L’architecture me rappelle beaucoup celles des bâtiments de Barcelone et on peut tout y faire à pieds. Le soir venu, l’avenue Álvaro Obregón offre un vaste choix de bars et de restaurants. Autre avantage : elle jouxte le Paseo Reforma, joignable en seulement quinze minutes de marche.
Une option pour y séjourner : la Casa Colima (Colima 226, Roma Nte., 06700 Mexico City, CDMX), une maison d’hôtes simple et typique.
Enfin pour dîner, le restaurant Huset, situé dans la même rue que la Casa Colima, est délicieux : on y sert une cuisine raffinée et inventive d’inspiration provençale dans un cadre très agréable.
La Condesa
Je ne suis pas une amoureuse de la Condesa car elle pour moi un peu trop vibrante. Serais-je donc en train de vieillir ? La vérité est que je n’ai jamais été une grande adepte des fêtes jusqu’au bout de la nuit. Cependant, je pense qu’il est intéressant de s’y promener et je recommande de déjeuner au restaurant Las Chalupitas (Av Alfonso Reyes 275, Col. H. Condesa). Il est principalement fréquenté par des locaux et la cuisine typiquement « poblana » (cuisine mexicaine de la ville de Puebla) y est excellente. Les "enmoladas", tortillas de poulet recouvertes de sauce mole, sont délicieuses.
Coyoacán
Plus au sud, Coyoacán est très tranquille, excepté le week-end lorsque les rues se remplissent de touristes. L’incontournable du quartier est la Casa Azul, maison du couple d’artistes mythiques Frida Kahlo et Diego Rivera.
La figure de Frida est devenue un fort objet de marketing au Mexique, on la rencontre littéralement partout : sur les sacs, les éventails, les protections de téléphone, les tee-shirts, les porte-clés etc…Je trouve que c’est un peu dommage car Frida représente tellement plus que cela. Je me demande qu’aurait pensé cette anticapitaliste de voir sa tête accolée sur une multitude de produits vendus un peu partout dans le pays.
Frida fût un corps meurtri (poliomyélite à l’âge de de 6 ans, puis grave accident de bus à 18 ans où son abdomen et sa cavité pelvienne furent littéralement traversés par une barre de métal), une femme engagée politiquement, une femme de passion mais aussi et surtout une artiste peintre dont les toiles symbolistes ne peuvent laisser indifférents. La visite de la maison vaut le coup mais je conseille d’y aller très tôt le matin, au moment de l’ouverture, car c’est toujours plein, y compris en semaine.
Pour les amateurs de course à pied comme moi il est possible de s’entraîner aux Viveros de Coyoacán, un grand parc aux immenses arbres où sont cultivées des plantes pour être ensuite replantées dans la ville.
Le soir venu, si vous êtes dans le quartier, je recommande de dîner au restaurant italien La Posta (Av Pacífico 292, La Concepción, 04020 Ciudad de México, CDMX). La cuisine y est excellente, le service impeccable et le cadre superbe : il s’agit d’une maison coloniale avec notamment une terrasse. Il existe différentes succursales dans la ville.
San Ángel
Le meilleur jour pour se rendre à San Ángel est le samedi car c’est le Bazar del Sábado, un grand marché où l’on trouve une multitude d’artisanat mexicain mais où exposent également de nombreux artistes peintres.
On y trouve des petites boutiques de jeunes créateurs mexicains ainsi que le Mercado del Carmen (il n’existait pas lors de mon arrivée au Mexique) où l’on peut déjeuner à différents stands de nourriture et qui propose aussi de l’artisanat.
Tout est pavé et bordé de maisons coloniales et de jacarandas dans ce quartier plein de charme.
Polanco
Polanco est luxueux et international. La plupart des bâtiments y sont modernes bien que le vieux Polanco abrite d’antiques maisons bourgeoises. On y trouve de nombreuses ambassades, dont l’ambassade française, ainsi que le lycée français.
C’est un quartier où je recommande de faire un bref passage au Palacio de Hierro, un grand magasin comparable aux Galeries Lafayette : celui de Polanco est nommé « el palacio de los palacios » parce-que c’est le plus grand du pays. Tout y est bien-sûr très cher.
A proximité, se situe le centre commercial à ciel ouvert Antara idéal pour faire du shopping. Dans mon cas, il y a des marques que je ne trouve pas à Monterrey telles que Mango ou Victoria’s Secret, j’aime donc m’y rendre.
Pour les amateurs d’art, le musée Soumaya, inauguré en 2011, abrite une vaste collection d’œuvres nationales et internationales de toutes époques. L’architecture contemporaine de l’édifice vaut à elle seule le détour.
Enfin, je conseille vivement de prendre le temps au Cafebreria El Pendulo, une grande librairie où il est possible de manger ou simplement prendre une boisson tout en lisant et travaillant.
Le Bosque de Chapultepec
Ce parc est tellement grand qu’il est idéal pour déconnecter de la ville. On peut y prendre des cours de yoga, marcher ou tout simplement se reposer dans l’herbe.
Il abrite le Musée National d’Art Moderne, le Castillo de Chapultepec (palais édifié au XVIIIème siècle) et le Musée National d’Anthropologie entre autres. Une journée ne serait pas suffisante pour visiter l’entièreté de ce musée. Il est donc nécessaire de sélectionner à l’avance les salles qui vous intéressent. Le lieu retrace les origines de l’humanité, les différentes civilisations précolombiennes (Mayas, Incas et Aztèques) avant l’arrivée des espagnols en 1519 et leur conversion au christianisme. Je le conseille vivement pour comprendre le Mexique qui mêle à la fois traditions indigènes et une forte culture chrétienne : el Dia de Muerto en est à cet égard un exemple.
Reforma
Cette avenue de 14,7 kilomètres qui connecte le Bosque de Chapultepec au centre historique est bordée d’impressionnantes tours à l’architecture moderne dont la Bourse de Mexico. Elles abritent principalement des banques, des bureaux ainsi que des hôtels de luxe.
De plus, il y est impossible de rater la statue de l’Ángel de la Independencia, une colonne victorienne surmontée d’un ange d’or qui fût édifiée en 1910 sous la présidence de Porfirio Diaz afin de commémorer le centenaire du début de la guerre d’indépendance.
Un autre monument commémoratif se situe juste au commencement de l’avenue, à l’entrée du parc : la Estela de la Luz, construite en 2011 en l’honneur du bicentenaire de l’Indépendance mexicaine face à l’Espagne. La tour, qui combine quartz et lumières électriques, a été largement critiquée pour son coût (trois fois le prix prévu) et son renforcement nécessaire contre les tremblements de terre. Le dimanche, Reforma est piétonne.
Pour s’évader encore plus loin…
Xoximilco
Xoximilco vient du nahuatl xōchi(tl) (fleur) - mīl(li) (champ cultivé) - et -co (lieu) : il est ainsi généralement désigné sous le nom de "jardins flottants" en français. Cette délégation de la capitale un peu excentrée (comptez une quarantaine de minutes en voiture depuis Coyoacán) vaut le coup d’être découverte car ses canaux se situent sur l'ancien site des jardins flottants de Tenochtitlán.
L’idée est de monter à bord d’une « trajinera » (sorte de grande barque) depuis l’un des embarcadères et de profiter d’une balade sur l’eau.
Les prix sont très variables d’un batelier à l’autre et en fonction du nombre de personnes et de la durée de la promenade. On peut négocier mais attention, pas à outrance comme je l’observe chez certains touristes qui ont peu de respect pour le travail des locaux.
Habituellement, Xoximilco est très animé et ce en particulier le dimanche : canaux pleins de barques, mariachis, vendeurs en tous genres (de maïs, de bières, de nourriture…). Cependant, j’ai eu l’opportunité de vivre Xoximilco de façon inédite, c’est-à-dire sans personne. Andy et moi y sommes allés le 1er mai (qui est aussi un jour férié au Mexique) à 9h et il n’y avait pas âme qui vive. Xoximilco dans la fraîcheur du matin accompagné des anecdotes locales du batelier et le chant des oiseaux, c’est tout simplement magique.
Teotihuacan
A environ 1h30 de Mexico, se trouve Teotihuacan, l’un des sites archéologiques les plus importants du pays. Si vous ne possédez pas de voiture, des bus vous y emmènent de la station Central Norte (environ 80 MXN le ticket).
L’histoire de cette « Cité des Dieux » n’est pas précise et les points de vue des historiens divergent. Il semble que Teotihuacan ait été construit entre les Ier et VIIème siècles et que c’était alors l’un des plus puissants centres culturels de Mésoamérique. Le plus important et le plus haut édifice est la Pyramide du Soleil. Il est nécessaire de gravir 242 marches pour atteindre son sommet et ainsi bénéficier d’un panorama sur l’ensemble du site.
Au nord de la Pyramide du Soleil et au bout de l’Avenue des Morts, se dresse la Pyramide de la Lune, plus petite.
Il se raconte que cette dernière abrite encore des restes humains, des offrandes (bijoux, jade, coquillages…) ainsi que des sépultures.
Il est difficile d’imaginer que Teotihuacan fût une ville qui comptait pas moins de 25 000 habitants par le passé.
Il y a donc beaucoup de choses à voir et à faire à Mexico et mon article n’en représente qu’un modeste panorama. En ce qui concerne le climat, il est agréable toute l’année avec un temps printanier et des températures aux environs de 12°C le matin et 24°C l’après-midi. Cela est dû à l’emplacement de Mexico, situé à 2 250 mètres d’altitude (à titre d’exemple, Monterrey n’est située qu’à 540 mètres d’altitude et il y fait très chaud). De juin à septembre il pleut beaucoup mais les averses ne durent jamais bien longtemps.
Et les tremblements de terre ? Mexico se trouve dans une zone sismique importante. Les deux derniers tremblements majeurs ont eu lieu en 1985 et 2017. Bien que des édifices se soient effondrés, la ville est plutôt bien préparée à cette situation d’urgence et les immeubles sont très résistants, obéissant à des normes de construction strictes. La plupart de ceux ayant été détruits l’an dernier ne respectaient malheureusement pas ces normes. En outre, le risque zéro n’existe pas.