Chaque mois, des blogueurs expatriés écrivent sur un sujet commun dont voici mes contributions précédentes : Monterrey la nuit, Ce que j’aurais voulu savoir avant de partir et Mes coins de France. Pour ce mois de juin, le thème de ce rendez-vous #HistoiresExpatriées est la langue et il a été donné par Estelle du blog Curiosity Escapes : voici ma participation !
La langue est à la fois plurielle et universelle. Plurielle, parce-qu’elle n’est pas la même d’un pays à l’autre, et universelle car nous utilisons tous à travers le monde une langue pour communiquer (y compris le langage des signes). La langue est bien souvent le premier obstacle auquel on se confronte lorsque l’on part vivre à l’étranger. C’est une importante composante de la culture et elle devient rapidement indispensable pour s’adapter et s’intégrer dans notre nouveau pays d’adoption. Dans le même temps, la langue est un formidable outil, un vaste terrain de jeux, une chorégraphie de lettres qui s’assemblent pour produite des sons, des mots, des phrases et la bonne chose, c’est qu’elle s’apprend ! Bien souvent, on se fait tout un monde de la tâche ardue qui nous attend, mais en vivant dans le pays, on se rend compte qu’en apprendre la langue n’est pas si difficile. On oublie vite les livres de grammaire et de vocabulaire de l’école car l’on est finalement constamment imprégné de cette nouvelle langue que ce soit à la télé, au café, au magasin, avec les locaux…et ces sons qui nous semblaient si étrangers au début, nous deviennent peu à peu familiers.
Dans mon cas précis, au collège et au lycée (ce qui commence à faire un bon bout de temps), je n’étais pas douée en anglais et je suis passée de bonne à moyenne en espagnol. On me renvoyait (et j’ai fini par me renvoyer à moi-même) l’image que je n’étais pas « faite » pour les langues, que je n’avais pas une bonne oreille et donc pas une bonne prononciation, et que je serais d’une certaine manière toujours médiocre. Aujourd’hui je parle couramment trois langues et j’ai donc acquis la preuve que tout ça, c’étais des bêtises (pour ne pas employer un autre terme). Bien-sûr certaines personnes ont plus d’habiletés que d’autres en langues (et cela vaut pour toutes les disciplines) mais TOUT s’apprend et en ce qui concerne la langue, être dans le pays où on la parle, c’est le mieux car les choses se font naturellement. C’est ainsi que j’ai appris l’espagnol, en m’installant au Mexique. Pourtant, au Mexique, j’ai aussi appris l’anglais ! Je m’explique…
Lorsque je suis venue pour la première fois à Monterrey, c’était pour un semestre d’échange et je m’apprêtais à recevoir tous mes cours en anglais. Problème : mon niveau était très basique. Je comprenais mais m’exprimer, prendre des notes rapidement et participer activement à une conversation étaient franchement laborieux. C’est à cette époque que j’ai rencontré Andy qui est désormais mon mari et il s’est avéré que c’est lui qui m’a appris l’anglais. Il aurait pu me parler en espagnol mais il savait que les cours étaient parfois difficiles pour moi, alors il m’a soutenu. Comme d’autres mexicains du nord, plus privilégiés que d’autres, Andy a reçu une scolarité entièrement dispensée en anglais depuis l’enfance. Il n’a donc jamais eu à faire d’efforts particuliers car il a constamment baigné dans un monde anglophone : il lui était ainsi naturel de me parler en anglais au quotidien. Grâce à mes échanges avec lui et grâce aux cours et à mes interactions avec des étudiants originaires de Norvège, Suède, Allemagne, Espagne, Italie, Russie, Inde, Chine…j’ai acquis une maîtrise de l’anglais en quelques mois.
Mais qu’est-ce-que ça donne d’apprendre l’anglais dans un pays qui n’est pas anglophone ?! Eh bien c’est très drôle. Mon accent est un savant mélange d’inspirations à la fois française et mexicaine. Bien qu’Andy ait une maîtrise complète de l’anglais, il a un léger accent mexicain que j’ai fini par adopter sans vraiment m’en rendre compte. Mêlé à mon accent français, ça donne quelque chose d’assez particulier. Pourtant, je regarde tous les films et série en VO, et je suis régulièrement CNN mais c’est plus fort que moi, l’accent perdure. Il me faut aussi ajouter que l’anglais des mexicains est l’anglais des américains et non des britanniques. Les expressions idiomatiques que j’emploie sont donc franchement plus américaines. Mais en définitive est-ce-que tout cela a de l’importance ? Ce qui compte c’est de comprendre et de parler. Grâce à Andy et une année d’études totalement enseignée dans la langue de Shakespeare (ou plutôt d’Hemingway dans mon cas), j’ai acquis la maîtrise de l’anglais, et grâce à ma vie au Mexique, j’ai appris l’espagnol. J’ai désormais la preuve que tout est possible, que tout s’apprend, y compris les langues et que peu importe si je garde mon accent, je peux communiquer et c’est ça le plus important. En outre, personne ne m’a jamais dit être ennuyé ou ne pas me comprendre à cause de mon accent : au contraire ! Cela peut sembler « cliché » mais tous ceux que j’ai rencontré (en particulier les américains) adorent l’accent français. Cela fait tout le charme disent-ils. Au fond, avoir un accent fait partie de notre identité et il n’y a pas à en avoir honte.
Conclusion : j’ai appris l’anglais avec un Mexicain, j’ai appris l’espagnol en vivant au Mexique, et à la maison, on parle quelle langue avec Andy ? Je l’aborde dans l’article Couple mixte : quelle langue ?
Cet article participe au RDV #HistoiresExpatriées organisé par le blog L'Occhio di Lucie.