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Se marier au Mexique: quelles différences ?


Comme je l’ai mentionné dans mon post Couple mixte : quelle langue ?, les couples mixtes font face à des différences de toutes sortes qu’elles soient culturelles, religieuses, langagières, gastronomiques…or l’organisation d’un mariage concentre toutes ces différences et cela peut être source de tensions.


Tous les mois je reçois des questions de lecteurs, dont le ou la partenaire est Mexicain(e), relatives aux formalités et aux coutumes de mariage au Mexique. Bien que je sois loin d’être une experte en la matière, je partage ici quelques aspects qui pourront vous être utiles, qu’il s’agisse de la partie administrative ou de questions plutôt d’ordre culturel.


L’article est divisé en trois parties : les démarches civiles, les démarches religieuses et l’organisation de la fête.

 

1 – Les démarches civiles


* Le lieu du mariage


En France, on se marie à la mairie : c’est le maire ou son adjoint qui préside la cérémonie. Au Mexique, il s’agit d’un officier d’état civil attaché à un « Registro Civil ». Les Mexicains appellent cet officier le « juez » bien qu’il ne s’agisse pas d’un juge à proprement parler. Le mariage peut être célébré, ou directement au registro civil, bien que le cadre soit relativement austère et spartiate (les bureaux d’Etat civil sont généralement composés d’une salle avec beaucoup de passage et dans de vieux bâtiments peu entretenus), ou dans un lieu choisi par le couple (domicile, restaurant, lieu de la fête…) où l’officier se déplacera en personne. Cette seconde option plus agréable est aussi plus coûteuse.


* Le contrat de mariage


Au Mexique, il est en principe obligatoire de faire un contrat de mariage chez un notaire agréé dit « Notario Público ». Il existe deux régimes : celui de la séparation des biens ou celui des biens communs. Si néanmoins aucun contrat n’est signé, il sera considéré d’office que le couple est marié sous le régime des biens communs.

En France, il n’est pas requis de faire un contrat. Mais attention, dans le cas où aucun contrat n’a été signé, les époux sont automatiquement soumis au régime de la communauté légale, dite communauté réduite aux acquêts. Cela signifie que tout ce qui est acquis au cours du mariage est commun.

En guise de récapitulatif, il existe deux régimes au Mexique : séparation des biens ou biens communs (qui est automatique en cas d’absence de contrat). En France, il existe trois régimes : communauté réduite aux acquêts si aucun contrat n’est formellement signé au préalable, séparation des biens ou communauté universelle.



* Les tests médicaux


En France, aucun test médical n’est requis pour pouvoir se marier. En revanche au Mexique un test de dépistage du VIH et de maladies sexuellement transmissibles est demandé aux époux. Il est appelé « Certificado médico de exámenes prenupciales » et doit être réalisé moins de quinze jours avant la date du mariage. Ça peut questionner car ça semble à la fois stigmatisant et infantilisant. Mais selon la loi mexicaine, son but est de protéger l’un des époux qui pourrait, sans le savoir, se marier avec quelqu’un atteint d’une maladie sexuellement transmissible.


* Quand on est étranger


En tant qu’étranger, dans les deux pays un acte de naissance apostillé et traduit est demandé pour pouvoir se marier. La différence ? En France, on exige un acte de naissance de moins de 6 mois pour un étranger (moins de 3 mois pour la personne de nationalité française) alors qu’au Mexique on demande un acte de naissance de moins d’un mois, ce qui peut compliquer les choses. Dans mon cas, j’ai dû solliciter l’aide d’un proche en France pour se rendre à la mairie de la commune où je suis née et récupérer les actes de naissance (mieux vaut être prévoyant et en demander plusieurs), puis d’aller directement au tribunal pour les faire apostiller. Il a ensuite fallu me les envoyer par UPS au Mexique (cela peut aussi être via DHL ou Fedex mais la Poste traditionnelle est à éviter car il y a peu de chance que le courrier arrive) et je me suis chargée de les faire traduire (traduction du certificat ET de l’apostille) par un traducteur certifié (« traductor oficial autorizado por el H. Tribunal Superior de Justicia en el Estado »).


En France, outre l’acte de naissance apostillé et traduit, d’autres documents sont demandés :

  • Le certificat de coutume délivré par une autorité étrangère (attestation relative à l’existence, au contenu et à l’interprétation d’une loi étrangère).

  • Le certificat de capacité matrimoniale (appelé également "certificat de capacité à mariage") ou certificat de célibat délivré par une autorité étrangère (document administratif qui certifie que le futur époux de nationalité étrangère peut se marier en France et atteste de l'absence d'empêchement).

  • Liste du ou des traducteur(s) avec photocopie de leurs pièces d'identité

* Les témoins


En France comme au Mexique chaque époux a généralement deux témoins. Quatre sont obligatoires au Mexique mais deux sont suffisants en France.


* La publication des bans


Au Mexique elle est pratiquée par l’église pour les mariages religieux. En France, l’Etat perpétue cette pratique qui consiste à rendre le mariage à venir public, en publiant aux portes de la mairie les noms, professions et l’adresse des futurs époux ainsi que la date et le lieu où le mariage sera célébré.


* Le livret de famille


Le livret de famille est quelque chose de bien français bien qu’on le retrouve dans certains autres pays. Son initiative remonte à 1877, suite à la destruction totale de l’état civil parisien de 1871. Il est délivré à l’issue du mariage ou au moment de la naissance d’un premier enfant d’un couple non marié. Chaque nouvelle naissance, séparation de corps, divorce, décès, doit y figurer et c’est à cet égard une obligation légale de l’actualiser.

Au Mexique, point de livret de famille


* Le coût


Il n’y a pas de coût particulier pour la France si ce n’est la traduction officielle des documents lorsque l’un des deux époux est étranger. En revanche, au Mexique, il faut payer l’Etat pour pouvoir se marier. Le tarif du registro civil est de 820 pesos (36,33€) si le mariage est célébré directement sur place, et de 1861 pesos (82,44€) si l’officier se déplace à un lieu choisi par les époux et en dehors des horaires habituels du registre d’Etat Civil. S’ajoute à cela une somme à donner directement au « juez » qui célèbre le mariage et dont le montant est libre. Cela peut sembler curieux mais c’est une pratique commune au Mexique de verser directement quelque chose à l’officiant.


Pour les contrats de mariage, les notaires ont souvent des tarifs différents, il est donc important de se renseigner et de comparer.


Quant à la traduction officielle de l’acte de naissance et de l’apostille, elle s’élève en moyenne à 600 pesos (400 pesos pour l’acte en lui-même et 200 pesos pour l’apostille) soit 26,58€.


* La famille


Aussi surprenant que cela paraisse, au Mexique les parents des mariés sont amenés à signer en plus des mariés eux-mêmes et des témoins. Cela montre à quel point la valeur de la famille est importante au Mexique alors qu’en France, on se concentre sur la décision de deux personnes et non de deux familles.


* Faire reconnaître son mariage dans son pays d’origine


Dans ce cas précis je ne peux que me référer à ce que je connais, c’est-à-dire comment, en tant que personne de nationalité française, faire reconnaître son mariage célébré au Mexique devant la loi française.

Cette page du consulat français au Mexique donne tous les détails mais en bref, la procédure consiste seulement à envoyer le formulaire de transcription d’acte de mariage disponible en ligne sur le site du consulat rempli et signé, accompagné des documents justificatifs demandés. Il est préférable de s’y prendre à l’avance car les actes de naissance et l’acte de mariage doivent être de moins de trois mois.

Si l’on ne réside pas à Mexico, les documents peuvent être envoyés (via UPS, DHL…) au consulat. La transcription de l’acte de mariage en français et le livret de famille m’ont été envoyés deux semaines après en avoir fait la demande. Le Consulat de Mexico m’a fait acheminer les documents au Consulat honoraire de Monterrey mais il est possible de se faire directement expédier à son domicile moyennant des frais supplémentaires.

 

2 – Les démarches religieuses


Le Mexique est un pays profondément catholique. Néanmoins, les pratiques de la religion catholique en France et au Mexique peuvent s’avérer très différentes.


Le Mexique est un pays encore largement conservateur, ce qui implique par exemple qu’il n’est pas acceptable pour les futurs époux de vivre ensemble avant de se marier. Ainsi, il est assez commun de se faire refuser par une église lorsque celle-ci s’aperçoit que les fiancés ont la même adresse. Beaucoup de couples mexicains respectent les traditions et s’interdisent de vivre ensemble jusqu’au mariage. Dans le cas contraire, ils n’hésitent pas à mentir à l’église en donnant deux adresses distinctes, généralement celles de leurs parents.


Dans mon cas, j’ai fait mon mariage religieux en France. Le prêtre nous avait demandé d’effectuer une préparation mais c’était difficile résidant au Mexique. Je me suis personnellement refusée à mentir car j’ai peu de respect pour ces prêtres à qui l’on doit dissimuler les choses ou verser de l’argent pour qu’ils acceptent de nous recevoir (parce-que oui, c’est aussi monnaie courante). Je ne m’étendrais pas ici sur mon histoire personnelle car je pense que cet aspect du mariage religieux est vraiment spécifique à la situation de chacun.

 

3 – L’organisation de la fête : entre traditions françaises et mexicaines.


Dans le cas de la fête, il n’est plus question de lois ou de pratiques religieuses mais de traditions, de coutumes, d’habitudes et de choix somme toute assez personnels. En voici quelques aspects…



* La taille du mariage


En France, le nombre d’invités est très variable. Il y a des mariages très intimistes de 10 ou 20 personnes comme il y a de grands mariages composés de 300 invités. Néanmoins, j’ai le sentiment que les mariages français sont plutôt de taille humaine avec une moyenne de 70 invités. Au Mexique, c’est très différent : les mariages sont grands, très grands. Il est commun d’avoir 300 invités, voire même 400, 500, jusqu’à 600 invités. Avoir une centaine d’invités est ainsi considéré comme un petit mariage.

Mais qui sont tous ces gens ? Il y a la famille (plus nombreuses qu’en France en règle générale) et les amis bien-sûr, puis il y a les amis des parents des mariés, puis des amis d’amis, des collègues de travail, des clients, etc…


* Le coût


De façon logique, plus le nombre d’invités augmente plus les prix s’envolent bien que le budget d’un mariage soit plus abordable au Mexique qu’en France. Je ne rentrerais pas dans les détails de tous les coûts car ça va du simple au double, selon le cadre, l’ambiance, le menu, les boissons, les éventuelles animations, etc…Néanmoins, juste pour donner un ordre de grandeur, mon mariage parisien nous a coûté le même prix que notre mariage mexicain alors que nous avions moitié moins d’invités.


* Le faire part


En France, champ libre à la créativité ! Les époux s’amusent à créer une invitation très personnelle, originale et qui leur ressemble. Au Mexique on est conventionnel et classique. En général il s’agit d’un grand carton d’invitation avec des lettres dorées où, en plus des noms des futurs mariés, sont inscrits les noms des parents. De plus, il y a toujours une formule religieuse telle que « avec la bénédiction de Dieu… »


* Les cadeaux de mariage


En France on est plutôt ouvert sur la question et il n’est plus choquant de donner un numéro de compte aux invités. Au Mexique, bien que les choses changent, cela peut surprendre. Il est encore courant de faire une liste de cadeaux dans un magasin destiné aux articles de maison. Le fait est qu’aujourd’hui les couples ont de moins en moins besoin de faire ce type de liste car ils vivent déjà ensemble et ont déjà acheté ce dont ils avaient besoin pour vivre au quotidien : meubles, batterie de cuisine, etc…Ils ont donc tendance à préférer de l’argent pour leur voyage de noces ou un autre projet.

Mais au Mexique, la grande majorité des couples emménagent pour la première fois ensemble à l’issue du mariage : dans ce cas, la liste a donc encore du sens…


* L’enterrement de vie de jeune fille (ou jeune homme)


Au Mexique, on l’appelle aussi la « Bachelorette Party » bien que ça sonne très américain ou « Despedida de Soltera/o ». Je dirai qu’en France, on est très libre, il n’y a pas de règle à respecter. Ce qui se fait le plus souvent est une fête ou un week-end entre ami(e)s. En revanche au Mexique, ce n’est non pas une mais plusieurs fêtes. Il y a en réalité trois « despedidas de soltera/o » :

  • Une organisée par la maman de la mariée (et inversement une organisée par le père du marié).

  • Une autre organisée par la maman du marié pour sa future belle-fille.

  • Et enfin une entre ami(e)s.

A l’occasion des des deux premières, la mère de la mariée invite ses sœurs, ses amies et la future mariée invite également ses amies. Il est de coutume que les invités déposent un « sobre » (enveloppe avec de l’argent) à l’instar du mariage en lui-même.


* Le code vestimentaire


Au Mexique, on sort le grand jeu : il n’est pas rare que les hommes portent un smoking et les femmes sont presque toujours en robe du soir, c’est-à-dire en robe longue. Elles mettent généralement des talons très hauts pour l’occasion, accentuent leur maquillage et n’hésitent pas à adopter une coiffure spéciale (chignon, ondulations, etc…) Elles vont à cet égard dans un salon de beauté le jour J.

En France, les exigences sont généralement plus « relax » : les hommes sont en costume et les femmes en robes de cocktail, au genou ou midi.


* La mariée


Les robes de mariée proposées au Mexique vont sans nul doute sembler très traditionnelles aux yeux d’un européen : beaucoup de matières, beaucoup de volume de type « meringue », beaucoup de brillants…

Par ailleurs, si une mariée en France tient à pouvoir se reconnaître lorsqu’elle verra ses photos de mariage, les Mexicaines tendent au contraire à se transformer lors du grand jour. Elles recherchent le côté spectaculaire et adoptent donc un maquillage très prononcé ainsi qu’une coiffure très élaborée.


* Le marié


Il doit en général porter un smoking, voire un tuxedo avec la queue de pie. Certains commencent à rompre les traditions en adoptant un simple costume mais c’est loin d’être la norme.


* La famille


En France, il est possible que les parents des futurs mariés se mêlent de l’organisation du mariage mais au Mexique, il faut au bas mot multiplier le phénomène par dix. Si vous souhaitez garder votre indépendance, faire un mariage avec la famille devient très compliqué au Mexique. Il y a toujours la possibilité de faire un mariage très intime ou un « elopement » mais dans ce cas, ça rompt totalement avec les traditions et génère l’incompréhension de la part de la famille.


* La célébration du mariage


Au Mexique, les invités n’hésitent pas à « sauter » les cérémonies civiles et religieuses et à arriver après pour le dîner et pour la fête alors qu’en France, cela serait perçu comme un manque de respect.


* Les premières danses


En France, tout est question de choix. En revanche au Mexique, il est généralement de coutume que les mariés ouvrent le bal, puis que la mariée danse avec son père et que le marié danse avec sa mère.


* La tradition du bouquet et de la jarretière


En France on a conservé la tradition du lancer de bouquet mais la jarretière tend à disparaître. Cette dernière est de plus en plus considérée comme « avilissante » pour la femme qui se retrouve alors réduite au statut d’objet. En revanche, c’est une tradition bien ancrée au Mexique et même un véritable « show » où les hommes sont littéralement prêts à se battre pour récupérer la jarretière lancée par le marié.


* Les fleurs


Même si on ne peut généraliser, beaucoup de mariages mexicains sont composés d’arrangements de fleurs blanches et éventuellement roses pâles avec des mises en scènes parfois gigantesques, presque ostentatoires. On trouve plus de couleurs dans les mariages au bord de la mer, sur la plage.



* Le gâteau de mariage


Le « wedding cake » a récemment fait son arrivée en France, supplantant la traditionnelle pièce montée de choux ou la version plus moderne de macarons. Néanmoins, peu de français commandent un gâteau de mariage. Au Mexique, c’est au contraire très courant et le gâteau peut même être associé à un véritable buffet de desserts dit la « mesa de postre ».


* La musique


C’est un incontournable du mariage et c’est un aspect qui n’est pas des moindres dans un couple mixte. Selon l’âge du couple, le type de musique variera mais en règle générale au Mexique, on ne coupe pas au reggaeton, à la salsa et aux années 80 mexicaines. Il est aussi courant d’inviter des mariachis.


* Les discours


En France, on a tendance à faire des discours, en particulier les témoins bien que ce ne soit pas toujours le cas non plus. Au Mexique, il n’y en a pas.


* Les jeux


Au Mexique, on ne fait pas de jeux durant les mariages alors qu’en France on a souvent tendance à préparer quelques animations. Généralement, ce sont les témoins qui s’en chargent.


* Le diaporama


Il arrive en France dans un mariage que l’on diffuse un diaporama avec des photos des mariés, notamment des photos d’enfance. Au Mexique, on n’en fait jamais.

 

Tous ces aspects sont nombreux et démontrent à quel point les habitudes sont différentes d’un pays à un autre. En général, toute organisation de mariage est prenante et le couple a forcément des avis différents, mais lorsqu’il s’agit d’un couple mixte, le défi est encore plus grand.

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A propos
Hélène Carrillo

Moi c’est Hélène, je me suis installée au Mexique en Juillet 2016, époque à laquelle j’ai débuté le blog.

A French in Mexico, c’est l’histoire d’une Française qui vit au Mexique et qui écrit plein de choses sur la vie à l’étranger. et les voyages. Je partage ma découverte du pays et de sa culture, mais aussi mon expérience sur la vie d’expatriée, sa richesse et parfois et ses difficultés.

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