Mon expérience vaut ce qu’elle vaut mais ne reflète pas la diversité des parcours expatriés. C’est pourquoi j’ai lancé la rubrique : Portraits d’Expat’. J’y partage les témoignages d’expatriés au Mexique et aux quatre coins le monde afin d’ouvrir les horizons du blog, de découvrir d’autres histoires et d’autres expériences qui sont autant de nouvelles perspectives sur l’expatriation.
Portraits d’Expat' c’est un regard nouveau sur l’expatriation…
J’ai ainsi le plaisir de partager avec vous le portrait d’Eva, Alsacienne de 28 ans expatriée au Japon depuis 7 ans.
Eva, d’où viens-tu ?
Je viens de Mulhouse en Alsace. J'y suis née et y ai grandi. J'ai seulement quitté le nid familial pour aller étudier à l'université de Strasbourg avant de m'envoler pour Nishinomiya au Japon.
Pourquoi t’es-tu expatriée et pourquoi le choix du Japon ? Quelle y est ton activité principale ?
Je suis venue au Japon pour être avec celui que j'avais rencontré à l'université de Strasbourg. A la fin de ses études, je l'ai rejoint avec mon visa Vacances-Travail et j'y suis restée. L'année prochaine cela fera déjà 10 ans que nous sommes ensemble : c'est donc ma première expatriation. Je suis désormais maman d'un petit garçon de 4 ans et je donne des cours de français.
Que faisais-tu avant de t’expatrier ? Ton expatriation a-t-elle induit un changement d’activité ?
Avant de m'installer au Japon, j'étais étudiante. J'étais en LLCE (Langue, Littérature, et Civilisation étrangère), spécialité Espagnol, car mon but était de devenir traductrice Français/Espagnol : j'ai en effet toujours aimé la langue de Cervantes liée à mes origines maternelles. Finalement, une fois sur l'archipel je me suis retrouvée à enseigner le français : j’ai à cet égard récemment obtenu mon diplôme de professeur de FLE (Français Langue Étrangère) via une formation à distance. Je fais aussi parfois des traductions franco-japonaises.
Que penses-tu de de Nishinomiya et du Japon en général ? Qu’y apprécies-tu le plus et qu’y apprécies-tu le moins ?
Question délicate. La réponse risque d’être longue…J’ai à cet égard écrit deux articles sur le sujet dans mon blog.
J'aime le Japon, c'est un beau pays qui a une grande palette de paysages à proposer malgré sa taille. Ma ville est à taille humaine et pas touristique, donc plutôt calme, chose que j'apprécie particulièrement.
En revanche, je n’aime pas le fait de privilégier le groupe sur l’individu, chose qui se ressent dès la maternelle. De plus, on est reconnu dans la société japonaise au travers de son rôle et de sa place ou position. Par exemple, lorsque je me suis mariée on s’est mis à m’appeler « Madame X » ou « oku-san » qui est le mot employé pour parler de l’épouse de quelqu’un. Mais en réalité, « oku-san » signifie littéralement « personne du fond », ce qui veut dire que la femme mariée passe au second plan.
En outre, depuis que je suis maman, si je suis en présence de mon fils on s’adresse à moi en me disant « Okaa-san » ou « Okaa-sama » ce qui dans les deux cas signifie « mère » mais où « sama » ajoute une nuance de respect. La première fois que l’on m’a appelé ainsi j’étais chez le photographe pour le baptême japonais de mon fils et sur le moment j’ai « beugué » : je ne m’y attendais vraiment pas et j’ai eu l’impression de passer un cap. Il est d’ailleurs courant que dans les familles japonaises le couple qui devient parents se mettent à s’appeler mutuellement « papa/maman », chose qui ne se fait pas en France. Il semblerait néanmoins que les choses changent doucement avec la nouvelle génération.
*Pour plus d’informations sur la culture et les us japonaises, je vous invite à lire cet article ainsi que cet autre article d’Eva.
Quels sont tes endroits favoris ?
Le port de Kobe : je l’aime pour sa symbolique du voyage, de l’évasion et pour son histoire avec le grand séisme de 1995. [Je vous invite à lire l’article suivant qu’Eva a écrit sur le port de Kobe dans le cadre du rendez-vous mensuel de blogueurs Histoires Expatriées]
J'affectionne aussi tout particulièrement le premier zoo de Kobe qui est devenu un parc pour enfants. En effet, il était tout petit, mais ils ont réutilisé certaines infrastructures des enclos des animaux pour les adapter aux jeux pour enfants avec beaucoup de touches de couleurs. Les enfants qui aiment escalader de partout sont les plus heureux là-bas.
Je suis contente que ces lieux n'aient pas entièrement disparus car j'aime les endroits qui ont une histoire et conservent une trace de leur vie passée. De plus le parc est situé sur les hauteurs et offre donc une superbe vue sur la ville !
Quels seraient tes conseils pour quelqu’un qui débarque ici pour la première fois ?
Je conseillerais d'abord d'apprendre la langue avant de venir, surtout si l'on ne connaît personne, car les Japonais ne parlent pas trop anglais et selon les villes, certains panneaux ne sont qu'en japonais.
As-tu une anecdote particulière relative à ton expatriation qui t’a laissé un souvenir marquant ?
Au Japon, quand on quitte un magasin ou un cabinet médical, on ne part pas en disant « au revoir » comme en français, mais on dit juste « merci beaucoup » (« arigatou gozaimasu »). Lors de mon premier séjour, je disais systématiquement « au revoir » (« sayonara ») et mon mari aura quand même pris quelques jours avant de me corriger.
Parle-moi de quelque chose que font les gens localement et qui est différent de la France ?
Dans les cafés ou au Mc Do, les Japonais vont "réserver" leur table avant de commander en y laissant dessus leur sac, leur parapluie, une serviette en tissu voire leur téléphone ! Quand ils vont aux toilettes, ils laissent tout sur place ! Lors de mes premiers mois ici j’étais vraiment étonnée de cette façon de procéder et de constater qu'effectivement personne n'essayait de voler les affaires. Depuis, je fais exactement la même chose alors que ça serait impensable en France !
Qu’est-ce-qui te manque le plus en France ?
En dehors de la famille et des amis bien-sûr, la nourriture et certains aspect culturels. Coté nourriture c'est la charcuterie et le bon pain, et même si je ne suis pas une grande mangeuse de yaourts et de fromages, à chaque retour je m'extasie devant l'immensité de choix qu'il y a en magasin car ici le rayon est tout petit.
Coté culturel, le simple fait d'échanger quelques mots avec la boulangère ou la caissière qui soient autre que liés aux achats: ici avec les vendeurs, les échanges sont plus robotiques qu'humains si je puis dire.
A quelle fréquence rentres-tu dans ton pays d’origine et comment vis-tu ces retours ?
Je rentre tous les 18 mois avec mon fils, principalement en été ou pour les fêtes de fin d'année. Chaque retour est une grande joie, je profite un maximum de revoir plusieurs personnes de ma famille et des amis. J’en profite aussi pour faire du shopping et manger tout ce que je ne peux pas manger là-bas. En revanche, chaque retour au Japon est un réel crève-cœur.
Quel est selon toi le plus gros challenge de l’expatriation ?
Réussir à s'intégrer pleinement. Parfois cela n'est vraiment pas évident.
Qu’est-ce-qui te plaît le plus dans l’expatriation ?
La découverte et l'enrichissement personnel que cela apporte. Vivre dans un autre pays, avec une culture et une mentalité différente de celle de notre pays d'origine, permet d'avoir une grande ouverture d'esprit et peut aussi nous amener à nous remettre en question, à prendre éventuellement conscience de certaines choses.
Si tu devais quitter le Japon, où irais-tu ?
Je rentrerai tout simplement en France.
As-tu un projet/rêve particulier qui t’est venu lors de ton expatriation et que tu aimerais réaliser ou que tu es en train de concrétiser ?
La valorisation de Kobe. Je suis tombée amoureuse de cette ville, malheureusement la ville est assez sous-estimée par les touristes occidentaux car au premier regard elle ne fait pas très « japonaise » alors j'essaye de la promouvoir au mieux.
Comment résumerais-tu ton changement de vie en une phrase ?
On a beau avoir des projets, on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve. Venez vous dépayser sur l'archipel, vous ne le regretterez pas.
Pour en savoir plus sur la vie au Japon et suivre les aventures d’Eva, je vous invite à découvrir son blog, Frenchynippon – Quotidien d’une expatriée au Japon.
Si vous aussi vous êtes expatrié et que vous souhaitez témoigner, n'hésitez pas à me contacter via le formulaire de contact ici-même.