Mon expérience vaut ce qu’elle vaut mais ne reflète pas la diversité des parcours expatriés. C’est pourquoi j’ai lancé la rubrique : Portraits d’Expat’. J’y partage les témoignages d’expatriés au Mexique et aux quatre coins du monde afin d’ouvrir les horizons du blog, de découvrir d’autres histoires et d’autres expériences qui sont autant de nouvelles perspectives sur l’expatriation.
Portraits d’Expat c’est un regard nouveau sur l’expatriation…
Diplômée d’un Master en Communication digitale et âgée de 27 ans, Ségolène a vécu une première expatriation à Dublin en Irlande où elle a rencontré son mari, originaire de Saltillo au Mexique. C’est ce qui l’a amené à vivre avec lui à Saltillo durant un an et demi avant qu’ils ne prennent finalement la décision de s’installer en Europe. Au-delà d’avoir rencontré son âme sœur, l’expatriation lui a permis d’apprendre à mieux à se connaître et à dépasser ses peurs. Voici son témoignage.
1 – Ségolène, d’où viens-tu ?
Colmar
Je viens de la très jolie ville de Colmar en Alsace. C’est là où je sens avoir mes origines car ma famille y habite et j’y ai vécu. Mais en réalité, avec un papa militaire j’ai déménagé dans douze différentes villes de France (incluant Paris), en 18 ans ! Une belle initiation au voyage...
2 – Où t’es-tu expatriée et pourquoi ?
Je me suis premièrement expatriée à Dublin en Irlande a la fin de mes études. Alors que je partais originellement pour six mois, j’y suis en réalité restée un an et demi. J’y ai trouvé mon premier vrai poste dans une grosse boîte et surtout, j’y ai trouvé l’amour... Un Mexicain, venu apprendre l’anglais comme moi, et qui m’a mené vers ma deuxième expatriation, cette fois-ci au Mexique et plus précisément à Saltillo, capitale de l’Etat de Coahuila dans le nord du pays (à environ 35 minutes de Monterrey).
3 – Que faisais-tu avant de t’expatrier ? Ton expatriation a-t-elle induit un changement d’activité ?
Avant mon expatriation en Irlande je terminais tout juste mon Master en Communication Digitale, mais je voulais améliorer mon anglais avant de me lancer dans le monde du travail ! J’ai trouvé un poste en Irlande pour un sous-traitant de Google en tant qu’‘’Online Advertising Specialist’’ : une belle expérience ! En revanche mon arrivée au Mexique a été difficile... J’ai mis plus de six mois à trouver un poste dans lequel je ne m’épanouissais pas complètement. Le marketing et la communication ne sont pas vraiment valorisés au Mexique, qui est un pays en voie de développement. Par ailleurs, je suis arrivée sans parler un mot d’espagnol, ça n’a donc pas aidé mes recherches !
4 – Que penses-tu de Saltillo ? Qu’y apprécies-tu le plus et qu’y apprécies-tu le moins ?
Je me sens obligée d’aborder Dublin, car même si je n’y vis plus, c’est très certainement la ville la plus chaleureuse et agréable où j’ai vécu. Même s’il fait (très) moche, froid, que la nourriture et l’architecture ne sont pas dingues (pour les points négatifs), cette ville dégage une atmosphère incroyable, les gens y sont heureux, bienveillants, et en moins de vingt minutes vous vous retrouverez face à des paysages à couper le souffle ! Je me sentais vraiment ‘’à la maison’’ : ce fut un déchirement d’en partir.
Route d'Irlande
En ce qui concerne Saltillo, je dirais que même si je n’aime pas le côté américain « tout-en-voiture », cela reste une ville où toutes sortes de services sont à disposition et où la circulation est facile : on ne passe donc pas des heures dans les trajets ! Il faut aussi savoir que la ville se situe dans une zone désertique mais bénéficie d’un climat agréable grâce à son altitude : il y fait donc plutôt bon et lorsque l’on rend visite à des amis à Monterrey ou à Monclova, on s’estime heureux de vivre à Saltillo ! En dehors de ça, je n’ai pas vraiment d’accroche avec la ville en elle-même (si ce n’est nos amis, bien entendu).
5 – Quels sont tes endroits favoris (à Saltillo et/ou au Mexique en général) ?
À Saltillo, j’aime me balader dans le centre même s’il est vraiment petit, ça me rappelle toujours un petit peu l’Europe. Sinon, pour toute personne passant dans le coin, je recommande un déjeuner au restaurant Don Tiburcio, où les tostadas et ceviches sont parmi les meilleures que j’ai pu manger.
Restaurant Don Tiburcio
J’aime particulièrement voyager au Mexique, c’est un pays tellement riche en culture et paysages. Dans mes favoris, je nommerais Real de Catorce en hiver, qui dégage une ambiance singulière, Holbox pour la plage, Queretaro ou encore Guadalajara et sa région pour les clichés mexicains ! J’ai aussi eu un coup de cœur pour Valladolid et les cenotes environnants ! ... Et il me tarde de visiter le Chiapas ainsi que la Huasteca Potosina.
Holbox
Ségolène mentionne des endroits dont j’ai parlé sur le blog. Je vous invite à voir les articles : Week-end à Real de Catorce et Le centre du Mexique en cinq étapes.
6 – Quels seraient tes conseils pour quelqu’un qui débarque où tu vis pour la première fois ?
De ne pas essayer de retrouver un modèle français et de ne surtout pas comparer. Le Mexique a ses avantages que la France n’a pas et inversement. Mettre aussi un peu de côté sa notion de confort pour certaines choses, et être prêt à vivre un choc en termes d’écologie. Dans le Nord, la culture est chaleureuse, à la mexicaine, mais aussi très empreinte de la culture américaine tout en étant très conservatrice... Ce mélange est parfois vraiment surprenant !
7 – As-tu une anecdote particulière relative à ton expatriation et qui t’a a laissé un souvenir marquant ?
Dublin
A Dublin, deux mois après mon arrivée (avec un anglais relatif, donc) j’ai oublié mon téléphone dans un taxi... autant dire que je l’ai cru perdu à jamais. J’avais tout de même envoyé un message avec un numéro à appeler si jamais quelqu’un d’honnête tombait dessus. Le chauffeur m’a rappelé et m’a proposé de venir le chercher chez lui. Par prudence, j’y suis allée avec mon colocataire. C’est en fait sa femme qui nous a accueilli et nous a servi un thé, puis nous avons discuté de tout et de rien. Ils avaient même rechargé mon téléphone ! Ensuite son mari (le chauffeur) a fait un détour dans sa ronde pour venir nous chercher et nous ramener jusqu’à notre domicile, sans nous demander un euro. Quand je dis que les Irlandais sont gentils et chaleureux...Et cette histoire n’est pas un cas d’exception en Irlande, vraiment !
Au Mexique pas d’anecdote particulière, si ce n’est peut-être que dans le nord, sous l’influence texane, la viande est reine et principalement les barbecues (carne asada). J’ai déjà été invitée à des repas composés de tortillas, bœuf au barbecue et sauce. Rien d’autre. Autant vous dire que je cherchais désespérément mes légumes.
Je me permets ici de souligner que je rejoins complètement Ségolène sur cet aspect : je me souviendrais toujours de mes premières « carnes asadas » où je m’attendais à ce qui se fait en France et où j’étais bien surprise de voir qu’il n’y avait aucune salade !
8 – Parle-moi de quelque chose que font les gens localement et qui est différent de la France ?
Des différences il y en a des centaines…Comme je le disais auparavant, je pense qu’en venant au Mexique il ne faut pas chercher à comparer avec la France. En ce qui concerne les grosses différences du quotidien, je mentionnerais la carne asada (cf. question précédente) qui s’apparente à un véritable mode de vie dans le nord du Mexique. Je dirais par ailleurs le poids de la religion catholique, le fait de vivre ÉNORMÉMENT en communauté (et de faire des fêtes tout le temps pour tout), l’incroyable nombre de mariages (j’ai cumulé neuf mariages en un an et demi) ainsi que leur ampleur, tant en décoration qu’en nombre d’invités ! Je me suis par exemple mariée ici et nous fûmes 200, ce qui est considéré comme un « petit » mariage. Une de mes amies comptait 500 personnes au sien !
ET les gens ne râlent pas au Mexique, contrairement à chez nous : c’est tellement agréable !
9 – Qu’est-ce-qui te manque le plus en France ?
Premièrement et sans surprise ma famille et mes amis. Mais aussi le saucisson, le fromage et une bonne baguette, et même un apéro à la française, un vrai ! Cliché ! Aussi, me balader en centre-ville et me perdre dans les ruelles au fil de mes envies, un café en terrasse, la mode, et parfois le confort à l’européenne.
Par ailleurs, venant d’Alsace, le Noël alsacien, ses décorations et marchés de Noël m’ont vraiment beaucoup manqué l’an dernier.
MAIS SURTOUT, ce qui m’a extrêmement manqué ce sont les Français. À Dublin la communauté française est énorme : j’avais donc beaucoup d’amis français avec qui je pouvais parler ma langue, m’exprimer sur ce qui me manquait, ce qu’il se passait en France etc. A Saltillo, je n’ai pas rencontré de Français...je n’ai donc parlé qu’anglais et espagnol (appris sur le tas) durant plus d’un an (en dehors du téléphone) ! Et ça, je pense que ça a été le plus dur.
Il est triste que Ségolène n’ait pas osé me contacter car comme mentionné ci-dessus, Saltillo et Monterrey ne sont pas si éloignés que ça.
10 – A quelle fréquence rentres-tu en France et comment vis-tu ces retours ?
En un an et demi, je suis rentrée dix jours après les quatre premiers mois. Je ne trouvais pas de travail et mes parents m’ont gentiment offert l’aller-retour. Je n’avais donc pas encore vraiment ressenti de vrai manque : je venais d’arriver, je découvrais la culture, j’apprenais l’espagnol... Désormais, nous avons fait le choix avec mon mari de revenir vivre en Europe, probablement en Irlande d’ailleurs...Après le Mexique, ça me semble être la porte à côté de « chez moi » !
11 – Quel est selon toi le plus gros défi de l’expatriation ?
Accepter de ne pas chercher à retrouver ce qu’on aime dans notre pays d’origine et au contraire attendre de découvrir ce que l’on aime dans son nouveau lieu d’attache.
L’autre gros point est la langue...Si on ne la parle pas, il faut essayer de s’y mettre le plus vite possible pour pouvoir vraiment s’intégrer.
12 – Qu’est-ce-qui te plaît le plus dans l’expatriation ?
Découvrir d’autres cultures, d’autres lieux, ouvrir sa manière de voir les choses, penser et comprendre le monde... C’est réellement enrichissant. Et je me suis découvert une petite passion pour les langues alors que je détestais ça a l’école !
13 – Si tu devais quitter le Mexique, où irais-tu ?
Je vais quitter le Mexique...pour repartir en Irlande, du moins au début. Nous réfléchissons avec mon mari à nous installer ensuite, définitivement (ou tout du moins à long terme), en France, en Espagne ou en Allemagne.
14 – As-tu un projet particulier qui t’est venu lors de ton expatriation et que tu aimerais réaliser ou que tu es en train de concrétiser ?
J’ai pu réaliser la force du « made in France » à l’étranger. J’ai ainsi longtemps pensé me lancer dans l’importation de produits ou savoir-faire, notamment des cours de pâtisserie (je me défend plutôt bien), mais je ne l’ai pas fait. Peut-être dans le futur, même si je pense maintenant à importer en Europe l’artisanat mexicain que j’adore. Mais, honnêtement, je n’ai jamais rien mis sur papier. Ce sont des idées.
15 – Comment résumerais-tu ton changement de vie en une phrase ?
L’expatriation m’a permis d’apprendre à mieux me connaitre et à dépasser de nombreuses peurs. Beaucoup de choses que l’on ne pense pas possibles le sont en fait. Je me sens aussi plus indépendante, sûre de moi et ouverte au monde (ainsi qu’à sa compréhension).
Real de Catorce
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