En 2018, j’ai écrit cet article sur le Jour des Morts au Mexique. Je vivais alors à Monterrey depuis environ deux ans et demi et mes expériences du « Día de Muerto » avaient été plutôt limitées.
Aujourd’hui, mon regard sur cette tradition a évolué, il s’est affiné. Ce sont mes années de vie au Mexique, et notamment mon déménagement à Mexico en février dernier, qui m’ont permis de percevoir des nuances que je n’étais alors pas capable de déceler il y a trois ans. Encore maintenant je ne prétends pas « tout » savoir sur le Jour des Morts. Le Mexique est un pays trop vaste, aux visages multiples, pour tenter de le résumer en un article. Le rapport que le peuple mexicain entretient avec la mort est tellement unique au monde qu’il serait bien prétentieux de ma part de penser que je le « comprends ». C’est peut-être en définitive le propre de mon statut d’immigrée : bien que le Mexique soit devenu une nouvelle maison, une terre d’adoption, je suis condamnée à n’en jamais véritablement saisir toutes les finesses.
Néanmoins, il m’a été donné l’opportunité de prendre à nouveau la plume cette année pour le compte de la Rêvista, le mensuel francophone de Mexico, où j’ai écrit un nouvel article sur le Día de los muertos. C’est à la suite de sa rédaction, et parce-que j’ai reçu un certain nombre de messages privés sur Instagram (c’est une petite communauté mais engagée), qu’il m’est venu à l’esprit de faire une vidéo afin de déconstruire les idées reçues et les confusions qui entourent cette tradition.
Voici ci-dessous les deux vidéos en question. Il s’agissait en réalité d’une seule, mais le format d’Instagram ne me permettait pas de télécharger plus de 15 minutes (cette vidéo en fait 19). C’est certes « long » mais je tenais vraiment à approfondir certains aspects. Si vous prenez le temps de les visionner, voici entre autres, ce que vous pourrez y découvrir :
Le Jour des Morts remonte à l’ère préhispanique : les Aztèques en effet le célébrait déjà.
Ce sont les colons espagnols qui se sont réappropriés cette tradition au regard de leurs propres croyances catholiques, faisant du Jour des Morts un parfait exemple du syncrétisme qui caractérise la culture mexicaine et qui peut se définir par la fusion entre traditions préhispaniques et religion catholique.
Le Mexique est un si grand pays qu’il est impossible de tirer des généralités : tous les Mexicains ne célèbrent pas le Jour des Morts et, s’ils le célèbrent, tous ne le font pas de la même manière. Chaque zone géographique a ses caractéristiques propres.
Les Mexicains ne se « rient » pas de la mort à proprement parler. Comme l’écrit Octavio Paz dans Le labyrinthe de la solitude, ils la « bravent ».
On trouve de nombreux symboles sur les autels qui sont érigés en l’honneur des défunts : tous ont un sens bien précis.
Le pan de muerto, que l’on retrouve notamment sur les autels, est un petit pain à la texture légèrement briochée parfumé à l’orange.
Le Jour des Morts n’est pas un « spectacle » pour les touristes : c’est un moment intime que partagent ceux qui le célèbrent avec leurs défunts.
A cet égard, le défilé qui a lieu à Mexico n’existe que depuis le film Spectre, le troisième James Bond tourné avec Daniel Craig et paru en 2015. Le long-métrage s’ouvre en effet sur un défilé durant le Dia de Muerto mais il n’avait jamais eu lieu avant.
Certains villages où la tradition s’exprime avec force, tel que Pátzcuaro dans l’Etat de Michoacan, ont dû restreindre l’accès aux touristes.
Le dessin animé Coco, réalisé par les studios Disney, est véritablement très bien fait et « réaliste » si je puis dire. L’équipe à longtemps séjourné au Mexique afin d’être le plus fidèle possible à la culture mexicaine et le film a été applaudi au Mexique.
La figure de la « Catrina », ce squelette de femme vêtue de riches habits, remonte au dessinateur José Guadalupe Posada en 1912 qui l’avait alors appelé la « Calavera garbancera ». Il s’agissait d’une critique de la bourgeoisie sous le gouvernement de Porfirio Diaz qui soulignait que les classes sociales n’ont aucune importance face à la mort : cette dernière nous touche toutes et tous. La figure fut ensuite réinterprétée par différents artistes, dont Diego Rivera, qui la renomma la « Catrina ».
Et bien plus encore ! Belle découverte à tous.
La première partie:
Puis la seconde: