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Nous n’achèterons pas à Mexico ?



Si vous avez lu l’article On a failli acheter un appartement à Mexico, posté le 27 novembre dernier, vous savez que depuis six mois Andy et moi avons le projet de quitter Monterrey pour Mexico et que nous envisagions d’acheter au lieu de louer. Pourtant, après moults aventures, nous sommes parvenus à la conclusion que nous n’achèterons probablement pas. Voici le dénouement de ces six derniers mois : six mois de démarches, d’attente, de projection, d’espérance, de remise à zéro, de nouvelles tentatives et puis finalement de lâcher prise.


Reprendre notre recherche avec une nouvelle agente immobilière


Suite à notre déconvenue (lire On a failli acheter un appartement à Mexico), nous avons fait la rencontre de S., agente immobilière, qui a pris le temps de définir avec nous quel type de bien nous recherchions. Elle a noté les quartiers que nous visions ainsi que nos critères en termes de superficie, nombre de chambres, style, etc…Nous avons dès le début visité six appartements avec elle puis avons convenu de revenir à Mexico afin qu’elle nous en propose d’autres. Autant dire que ça a très bien commencé : « trop » bien commencé ?


Une seconde visite à Mexico

Comme convenu et même plus tôt que prévu, nous retournons dans la capitale afin de voir d’autres appartements et en particulier de revisiter un qu’elle nous avait déjà présenté et qui nous plaisait vraiment. Nous avions eu un coup de cœur mais il ne correspondait pas précisément à nos critères : une unique chambre et une unique salle de bain, pas d’ascenseur, pas de rangements, pas de garage voiture ni même vélo…En revanche la localisation était parfaite, il avait du charme et surtout il avait une terrasse qui après les temps de pandémie/confinement/etc…nous a franchement séduits. Nous le visitons donc à nouveau puis nous en voyons d’autres.

Chose curieuse : nous en visitons moins que ce que S. nous avait annoncé. Lorsque nous l’interrogeons à propos de certaines annonces qu’elle nous avait envoyé, elle reste évasive : soit le propriétaire ne veut plus vendre (weird), soit c’est un immeuble pas encore terminé, soit elle n’a pas trop d’explications. Nous ne lui en tenons pas rigueur car après avoir revisité notre coup de cœur, nous sommes décidés à faire une offre.


Quand le rocambolesque repart…


C’est alors là que les choses se compliquent à nouveau. S. nous demande de faire un premier virement afin de soumettre notre offre en insistant sur le fait que c’est une pratique commune. Je ne m’étendrais pas sur ce point mais non, ce n’est en aucun cas une pratique commune. Par ailleurs, elle est en désaccord avec le montant que nous souhaitons proposer qu’elle considère trop bas au regard du prix listé. Elle souhaite que nous fassions une offre plus généreuse, ce qui ne semble pas très surprenant si je me place de son point de vue et de sa commission. Bien qu’elle ignore nos arguments à propos de l’état du marché immobilier et des choses qui « coincent » dans l’immeuble, nous décidons de maintenir notre offre originale qu’elle soumet donc…à une autre collègue agente immobilière…


Les propriétaires de l’appartement en question sont un groupe d’amis qui ont investis dans la restauration de l’immeuble mais nous nous rendons compte que S. ne traite pas directement avec eux sinon avec un autre intermédiaire. Je commence à être perplexe et surtout à réaliser que ça implique deux commissions de vente. Alors que je commence à lui faire part de mes questionnements sur sa démarche S. cherche à me rassurer en me disant que P., l’autre agente, est une amie à elle…ce qui bien-sûr ne me rassérène pas mais pire, déclenche dans mon esprit la sonnette d’alarme « conflit d’intérêt ». De quel côté est S. ? Du notre, les acheteurs, ou de son amie ? Quel est leur accord ?


Questionnement sur la véritable valeur de l’appartement


Deux jours après avoir soumis notre offre, S. revient vers nous avec une contre-offre trop élevée à notre goût. Lorsque nous en discutons avec elle, elle nous rétorque alors que c’est une contre-offre généreuse dans la mesure où le prix de l’appartement est en réalité plus élevé que celui qui nous a été communiqué. Cela semble bien-sûr absurde et dépourvu de toute éthique professionnelle mais Andy et moi gardons notre calme. Je décide de montrer simplement à S. le document qu’elle nous a envoyé avec l’appartement en question et son prix de vente correspondant. Sa réponse ? C’est une erreur, c’est rare mais ça arrive, les propriétaires n’ont pas informé P. (l’autre agente) à temps et avaient en fait augmenté le prix de vente de 200 000 MXN soit environ 8 190 €. Elle ajoute que c’est une véritable opportunité dans la mesure où c’est un bien unique qui n’est même pas listé sur le marché.


Essayons-là d’y voir un peu plus clair…Premièrement, S. ment : l’appartement est bien listé. Ça fait quand même six mois que j’épluche le marché, que je décortique les annonces et j’ai bel et bien l’annonce de cet appartement qui est en vente depuis au moins six mois donc…Ce qui m’amène au point suivant : augmenter son prix de vente ne fait aucun sens. On n’augmente pas la valeur d’un bien que l’on a des difficultés à vendre et encore moins au beau milieu d’une crise économique.


Je suis convaincue que S. tente de nous mettre la « pression », ce sur quoi je me sens obligée de lui dire que si cet achat ne se fait pas, ça ne sera pas grave et que nous continuerons de chercher. Je souligne également que l’ « erreur » à propos du prix affiché manque tout de même de professionnalisme et que si une infirmière (j’ai un diplôme d’infirmière) fait l’erreur d’administrer trop de potassium à son patient elle a toutes les chances de le tuer. Nous échangeons longuement avec elle, soulignons les aspects qui manquent de clarté et faisons une nouvelle offre : plus élevée que notre offre originale mais inférieure à la contre-offre qui nous a été proposée. Nous ajoutons que nous serions ravis d’échanger avec les propriétaires via Zoom.


Quand le couperet tombe


Mais trois jours après S. revient vers nous en nous informant que notre nouvelle offre a été rejetée et que la contre-offre faite par les propriétaires est leur dernier mot. Ce qui est surprenant – et que j’aurais évité de faire si j’étais à sa place – c’est qu’elle nous partage une copie d’écran de son échange avec sa collègue/amie P. où cette dernière dit que notre offre n’a pas été acceptée, tout en se défendant d’avoir tout fait pour négocier en notre faveur. Lorsque l’on textote avec une copine, j’ai du mal à appeler ça de la négociation


Tirer les choses au clair


Parvenus à ce stade, rien ne semble plus faire sens et il nous apparaît évident que l’honnêteté de S. est pour le moins à questionner. Afin de tirer les choses au clair, Andy parvient à entrer en contact avec l’amie d’un ami, également agente immobilière, qui accepte gentiment de contacter les propriétaires afin d’obtenir le prix de cet appartement. Conclusion : le montant est bien celui qui nous avait été communiqué au début, et non supposément plus élevé…Nous confirmons dans le même temps que si S. nous avait demandé un premier dépôt pour soumettre notre offre c’est qu’elle comptait bien se le garder dans la poche au cas où la vente échouerait.


Quand vient le temps de la décision


Malgré notre déconvenue et des sentiments confus Andy et moi avons longuement échangé et voici la conclusion à laquelle nous sommes parvenus : nous pourrions acheter l’appartement. Il nous plaît vraiment et nous en avons les moyens. Cependant, son prix ne nous semble pas « juste ». En définitive, ce n’est pas tant le prix à payer sinon le montant adéquat pour le bien que nous comptons acquérir au vu de son emplacement et de ses caractéristiques. Nous avons envisagé de passer par un autre agent, plus honnête (si ça existe), afin de recommencer le process mais en avons-nous encore vraiment envie ?

 

Sans que je ne parvienne à précisément l’expliquer je sens que quelque chose n’est pas clair même si, tout en écrivant, j’ai l’impression que cette phrase même ne fait aucun sens : « Je sens que quelque chose n’est pas clair » … Ça ne veut rien dire. Et pourtant…C’est ce que je ressens, c’est un drôle de sentiment, une sensation étrange et bizarre à la fois, comme s’il y avait une force invisible, aérienne, une substance dans l’air qui me poussait à lâcher prise et à abandonner ce projet ou tout du moins "let it go". C’est comme si quelque chose essayait de me dire de ne plus insister, de laisser aller. Je suis consciente que c’est absurde et qu’en définitive l’explication la plus rationnelle à ces six derniers mois de tentative d’achat est tout simplement un manque de chance. C’est la « misfortune », la « bad luck », un point c’est tout. Oui mais…Oui mais j’ai ce drôle de feeling, cet inconfort qui m’amène à la conclusion qu’il est peut-être nécessaire de lâcher du lest.


Pendant six mois, Andy et moi avons mis nos vies entre parenthèses pour ce projet d’achat. Nous avons annulé des voyages et avons passé notre temps dans la paperasse, les démarches administratives, les recherches et les déconvenues. Est-ce-que ça en valait la peine ? Je n’en suis pas si sûre. Il est certain qu’on pourra toujours acheter plus tard, dans quelques mois ou dans quelques années, mais la manière dont ces six derniers mois se sont déroulés nous a sérieusement refroidis. Le manque de transparence concernant les demandes de prêt et le marché immobilier local a inévitablement généré des doutes et un sérieux manque de confiance de ma part. Dès lors, dans ce nouvel état d’esprit, il ne m’apparaît plus si opportun d’acheter à Mexico. Comment investir dans ces conditions ?


Je mentirais si je disais que ça ne me fait pas un pincement au cœur car dans le fond, il me plaisait vraiment ce petit appartement avec sa terrasse et je me voyais déjà vivre les fenêtres ouvertes. Mais dans le même temps, le manque de transparence n'est pas une invitation à poursuivre dans cette direction et je sais me rappeler que ce n’est que quelque chose de matériel. Des appartements il y en aura d’autres, des terrasses il y en aura d’autres, des opportunités il y en aura toujours d’autres. Parfois ce n’est tout simplement pas le bon moment. Mais alors, what’s next ?


Je pense qu’Andy et moi louerons tout simplement à Mexico. Nous nous donnerons le temps de voir comment les choses fonctionnent pour nous et surtout pour nos affaires respectives là-bas car après tout, le motif de notre déménagement est essentiellement professionnel, puis nous verrons…Après les difficultés de l’année écoulée j’espère que nous parviendrons à profiter un peu plus du quotidien, que nous n’aurons pas à reporter de voyages et que nous saurons apprécier le moment présent bien que tout ne soit pas entre nos mains.



Je conclurais cet article et ces pensées en écrivant qu’au fond tout est peut-être mieux ainsi. Depuis toute jeune j’ai été habituée à déménager tous les trois-quatre ans environ et bien que je ne m’y sois jamais vraiment habituée, paradoxalement, c’est un peu dans ce moule que je suis née. Je n’ai jamais considéré un quelconque endroit comme ma maison pas plus que je n’ai eu un jour le sentiment d’avoir un « chez moi ». Il y a bien-sûr des endroits que j’ai préférés et je mentirais si je disais que Paris n’a pas volé un peu mon cœur mais « rentrer » n’est pas un mot qui fait partie de mon vocabulaire. Rentrer où ? Je n’ai laissé aucune chambre d’adolescente derrière moi, les changements incessants y ont veillé. Peut-être un jour viendra le moment de me « poser » mais au fond je suis un peu de nulle part, je n’appartiens à nul endroit et j’aime l’idée de pouvoir faire mes valises demain sans jamais avoir à me retourner…


Le canal Saint Martin à Paris


NB : je me suis aperçue en achevant cet article que j’avais écrit Ma vie en boîtes : un déménagement…encore ! en mars 2018 où je partageais déjà des réflexions sur le fait de souvent déménager et d’avoir des difficultés à créer de véritables attaches.

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